La vie d'une Quiche

Alors alors...

J’ai loupé mes deux jours de cours cette semaine. Et sincèrement, c’était pas volontaire. C’est juste que samedi, en fait, mes bottes m’ont littéralement arrachées la peau au niveau du talon d’Achille, j’ai pas fait grand-chose pour soigner ça et du coup, ça a légèrement empiré et je peux plus bouger mes pieds sans souffrir atrocement. Mettre mes baskets relèvent de l’épreuve herculéenne et je n’ose même pas dire ce que ça fait de marcher dix minutes maxi pour accompagner les petits à l’école. Bref, je pouvais clairement pas marcher jusqu’au college avec les chevilles dans cet état. D’une parce que l’idée même de devoir faire le chemin aller-retour me donnait envie de chialer et de toute façon, ma vitesse est drôlement limiter et je pense ne pas exagérer en disant qu’il m’aurait fallu une heure pour faire l’aller… J’ai carrément l’impression que mon coeur bat dans mes chevilles, c’est terrible. Et en regardant ça tout à l’heure -ce matin-, l’état est plutôt moche… Ma mère verrait ça, elle me piquerait une crise. Le truc, c’est que j’ai juste besoin de repos. Mais ça, c’est pas possible. Emmener les petits, aller les chercher à l’école. Je fais pratiquement rien de mes journées, je vais pas arrêter ça. J’espère juste que ça ira mieux pour vendredi. Au cas où je revois Joao samedi…

Je connais très bien ce que je ressens et c’est ce qui se rapproche le plus pour moi d’un "sentiment amoureux". Je suis pas amoureuse. Si finalement il n’y avait pas de suite, je n’aurais qu’un vague regret. Mais voilà, tant qu’il sera là, tant qu’il me parlera, je serais totalement obnubilée par lui. Du moins, autant que je puisse être obnubilée par quelqu’un…

Et puis, je sais pas. Je l’aime bien lui. On se parle pas énormément depuis samedi. Et ça, ça change totalement de tout ce que j’ai pu connaître jusque là. En général, après une première rencontre, les sms, messages en tout genre augmentent de façon importante, mais pas là. Et peut-être que c’est ce qu’il me faut. Il ne me colle pas. Il ne m’harcèle pas de messages. Et comme on ne parle pas beaucoup, on ne se lance pas dans des discussions bizarres. On se fait un petit coucou chaque jour histoire de, mais pas plus. Du coup, je suis totalement accro à ses messages, parce qu’ils sont rares. Et même si je trouve que ça a un côté frustrant, je pense que c’est ce qu’il me faut. En tout cas, ça a le mérite d’être nouveau.

Aa. est parti voir un match de foot aujourd’hui avec un ami. Du coup, j’étais toute seule avec les garçons et Sh., et je confirme : j’aime vraiment comment ma relation évolue avec Sh. Par exemple aujourd’hui j’ai appris qu’elle était partie un an en Russie pour apprendre la langue dans un cadre d’un diplôme de management, ou quelque chose comme ça. Elle est vraiment adorable derrière l’apparence de femme dure et froide qu’elle peut donner. En fait, il faut juste lui laisser un peu de temps. Je pense que W. lui ressemble beaucoup là aussi. D’ailleurs en parlant de W., il est réellement de plus en plus adorable avec moi. Je n’ai plus de crises avant d’aller à l’école. Plus de crises à la maison. Plus de crises pour aller chercher T. le mardi. Et tout à l’heure j’ai remarqué que les garçons cherchaient moins à appeler tout le temps leur parents. Et ça, c’est un bon signe aussi. Et en fait, quelque chose me dit que quand je vais retourner en France pour Noël, je vais un peu leur manquer. Ow, pas énormément, et tant mieux pour eux, mais il y aura des moments où je leur manquerai… Par exemple pour les aider à battre Kaos dans Skylanders ou des trucs du même genre… En tout cas, je trouve ça cool, ma période de "je vais mourir sans ma famille" semble s’être un peu atténuée. Bien évidemment, ils me manquent toujours autant, mais je le vis mieux. Et puis, il y a Joao qui occupe une bonne partie de mes pensées maintenant aussi…

Sinon, aujourd’hui, je pense que décidément je dois souffrir pour une raison mystérieuse, j’ai réussi à m’arracher un bout de peau au niveau de la première phalange de l’index gauche, et ça fait vachement mal. Et pour compléter le tableau, je me suis cognée la tête assez durement contre la poignée de la porte d’entrée en me redressant après avoir chercher les chaussures de W. pour aller chercher T. à son "sewing club". Heureusement, j’ai la tête dure. Mais sérieusement, au moment d’aller chercher T., j’étais dans un état assez lamentable.

N’empêche, ça m’embête vraiment d’avoir aussi mal aux pieds. C’est super important quand même…

Arf, saleté de playlist… Me passer "La Terre est ronde" d’Orelsan maintenant, c’est vraiment pas ce dont j’ai besoin. En plus j’allais quand même bien jusque là. Mais là, je me revois il y a quelques mois chez Mamy M. à pleurer toute seule dans mon lit parce que je voulais rentrer chez moi, faire comme si j’étais toujours en CM2 et ne plus avoir à penser à mon avenir.

En fait, j’ai toujours été du genre à planifier. A prévoir ce que je voulais faire. Mais genre longtemps à l’avance. Très longtemps à l’avance. Je suis très forte pour imaginer des plans d’avenir. Mais faut que ça reste abstrait, voire très abstrait même. Je sais pas, j’aime pas arriver au moment où mes planifications prennent vie. Quand elles prennent vie. Parce que ça reste tout de même super rare. En général, je fais des plans pour ne pas les suivre par la suite. La prépa en pharma, la Khâgne, l’école de communication, la licence d’anglais, l’Espagne avec Julie, le permis, le job d’été, etc. J’ai une tonne de plans que j’ai tout bonnement laisser tomber pour me lancer à corps perdu dans quelque chose d’autre. Je suppose que je suis loin d’être la seule dans ce cas. Que je ne suis pas la seule qui s’agace autant qu’elle s’émerveille pour cette capacité à toujours rebondir finalement.

Tout à l’heure je regardais un épisode de Criminal Mind -quoi d’autre...- et je me suis rendue compte à quel point je suis contente de ne pas avoir fait de trucs stupides dans ma période 15-17 ans. Contente de m’être arrêtée à des "tentatives de suicide" tellement pathétiques et foireuses que je n’arrivais même pas à - au moins- me faire tomber malade. Contente d’avoir été assez lâche pour ne jamais avoir réellement essayé de couper plus profondément avec la lame. En fait, je pense qu’à cette époque, j’avais juste besoin de me faire remarquer. Mais je faisais tellement tout pour paraître normale que de toute façon, personne n’aurait pu se rendre compte de quoi que ce soit. Il faudrait que je remette la main sur mes nombreuses "Lettres d’adieu" que j’avais écrite pour ma famille et mes amies, au cas où… J’en ai une en tête où je me ferais particulièrement pitié si je la retrouvais… Il faut que je la retrouve. Histoire que personne d’autre ne tombe dessus. Parce que je connais Yo' et Sa'. Quand je leur manque, ils font un tour dans ma chambre et fouille dans mes affaires. Et comme j’écris beaucoup… Les feuilles ont tendances à traîner un peu partout… Je le sais qu’ils le font parce que Yo' m’a déjà citer des passages de mes journaux intimes et surtout parce qu’on a tous cette tendance un peu fouineuse dans la maison. On fouine et comme on ne peut pas tout garder pour nous, on raconte ça à Maman ou au frangin restant. En fait, je comprends pourquoi Papa dit souvent qu’il n’ait jamais au courant de rien. Même si j’aime énormément mes deux parents, il est sûr que je suis bien la fille à ma mère. Il faut dire que Maman est toujours avec nous à la maison, donc on la connaît forcément mieux que Papa. Et Papa et sa nature réservée, ça n’aide pas. Enfin, surtout dans la période de l’adolescence. Ensuite le contact se refait tranquillement. Et puis, il a quand même moins de mal avec Yo' et Sa'. Il faut dire que j’étais la première. Pas facile de voir ses bébés grandir. Je ne lui en tiens pas rigueur.

Bref, tout ça pour dire que la vie, c’est réellement un cadeau précieux qui nous réserve son lot de surprises. Du coup, c’est vraiment dommage d’arrêter d’y jouer comme ça, parce qu’on trouve que ce n’est pas assez. Comme on dit, la roue tourne et tout peut toujours aller mieux. Certes, l’inverse est vraie aussi, mais il est vrai que si l’on est pessimiste, autant arrêter tout, tout de suite…

Et pour conclure : OMG ce que je souffre ! Là tout de suite, j’ai un coeur dans le pied gauche, un autre dans le droit et puis un à l’index gauche… J’ai dû encore faire quelque chose de mal, mais là tout de suite, je ne vois pas…