La vie d'une Quiche

Arrêter de s'en faire.

C’est décidé, à partir d’aujourd’hui, je prendrais les choses comme elles viennent. Je vais arrêter de me morfondre parce que telle ou telle personne ne veut pas me parler et j’arrête de toujours tout prendre pour moi. Hier, Kev' n’avait pas envie de parler et après 4 jours entiers à passer plus de 5h à parler de tout et de rien, je peux le comprendre. Surtout que lui n’est pas un habitué de tout ce milieu. Bref, en temps normal, j’aurais déprimé. J’aurais pensé que tout était encore une fois de ma faute et j’aurais pondu un long écrit où je sangloterais sur le fait que personne ne m’aime et que les gens passent leur temps depuis toujours à m’abandonner. Quelque part, ce n’est pas tout à fait faux, mais il faut bien que je comprenne que je fais tout pour. Absolument tout.

C’est vrai, je n’ai aucune passion, je me fais toujours passer pour une imbécile finie qui ne sait strictement rien à ce qu’elle dit et mon manque de confiance en moi est si flagrant qu’à la longue, les gens arrêtent de trouver cela mignon et sont juste agacés par ma présence. Et je peux les comprendre. Je passe mon temps à me plaindre sur le fait que je n’aime rien ni personne, alors les gens n’ont pas envie de s’attacher à moi. C’est vrai, si quelqu’un me disait texto "Tu auras beau faire tous les efforts du monde, jamais je ne parviendrais à t’apprécier à ta juste valeur", je m’enfuirais moi aussi. Bon, ce n’est pas si vrai parce que c’est un peu ce que Felon a passé son temps à me répéter, mais du coup, je sais pas, ça devait me rassurer de tomber sur quelqu’un qui tenait un peu le même discours donc ça ne m’a pas effrayé. Ça et le fait que, depuis aussi loin que je m’en souvienne, j’aime tout complexifier dès qu’il s’agit de relations, amicales ou autres.

Surtout que, du coup, hier j’y ai réfléchis, et la vérité, ce n’est pas tant que je ne m’attache pas aux gens. Bien au contraire, je m’attache bien trop vite. C’est juste que quand ils décident de partir, je préfère me persuader que ça ne me fait rien, qu’au final, ils ne pouvaient pas tant compter pour moi vu que je les connaissais à peine. Seulement, en réalité, je me souviens au plus profond de moi de chaque abandon. C’est juste tellement plus simple de se faire passer pour quelqu’un qui ne s’attache pas. Plus simple de faire comme si rien ne nous atteignait. Comme si personne ne comptait pour nous. Comme si on était fort.

Le problème, c’est qu’en fait, je ne fais que me voiler la face. Et je me fais passer pour quelqu’un que je ne suis pas. La vérité, c’est que la Cynthia qui se fait passer pour une handicapée des sentiments est juste une petite fille totalement paumée qui s’accroche désespérément à tout ceux qui passent un peu trop près d’elle, mais jamais ne trouve le courage et la force de les retenir en leur disant qu’elle les aime quand ils commencent à la prendre pour une cause perdue.

La vérité, c’est que je n’aime pas prendre de risque. J’ai tellement peur de souffrir que j’en oublie de vivre. J’ai tellement peur de mal faire que je reste paralysée. J’ai tellement peur de tout et n’importe quoi que j’étouffe dans mon propre corps et tout ça en me faisant croire que tout va bien. Dans les faits, tout va bien. Vraiment. Il faut juste que j’apprenne à prendre des risques. Que j’apprenne à aller vers les autres, même si je risque de me prendre des vents. Même si je risque de souffrir de chaque refus. Il faut que je prenne le risque de souffrir. Il faut que je comprenne qu’une vie sans risque n’est pas une vraie vie. Ça y ressemble à tous points de vue, mais ça n’a définitivement pas le même goût.

Il faut que j’accepte que la vie est aussi faite de souffrance et que ça ne pourra que m’aider à profiter encore plus des meilleures moments. On ne connait pas le véritable bonheur tant qu’on n’a pas touché le fond. J’avais écrit ça il y a quelques années sans vraiment y faire attention. J’aurais dû. Pour le moment, comme me l’a fait comprendre Kev', je n’ai jamais réellement souffert. J’ai vécu des fac similés d’épreuves, mais c’était plus minime qu’autre chose. C’est vrai, en y regardant de plus près, Momo avait fait son temps, je ne connaissais pratiquement pas Mélissa et je détestais presque Mamy quand elle est morte. A vrai dire, pour le dernier point, c’était même plus un soulagement qu’autre chose. La mort mettait un point final à tout ce qu’on avait pu traversé durant ces trois années. J’en ai honte avec le recul, mais ça ne sert à rien de remuer les choses qu’on ne peut changer. C’est tellement peu crédible comme argument vu que dans ce journal je passe mon temps à remuer le passé… Enfin, peu importe, j’ai toujours été de mauvaise foi.

Donc, deux points à améliorer sur moi-même : prendre des risques avec les gens et arrêter d’avoir aussi peur de dire des bêtises. Au pire, j’en dirais, mais mieux vaut en dire que de ne pas parler. Même si un proverbe dit le contraire. Rien à foutre des proverbes pour le coup.