La vie d'une Quiche

"It's just I was listenning to a sad song..."

Ou comment se faire griller par ma host en train de larmoyer gentiment et essayer de trouver une justification bidon à cela…

C’est décidé, je ne lis plus jamais de trucs tristes quand je ne suis pas toute seule. Je ne me replonge plus jamais dans mes regrets quand je ne suis pas toute seule et si je pouvais arrêter de pleurer tout simplement, ça serait génial…

J’ai lu un article qui m’a forcément fait penser à tout ce que Maman a pu endurer lorsque Mamy était malade. Et franchement, plus le temps passe, plus je me sens cruelle. J’ai juste été tellement stupide. Tellement égoïste. Quelque part, je sais que je m’en voudrais toujours. Je m’en veux de ne pas avoir essayer de connaître Mamy un peu mieux alors que je savais que c’était ma dernière chance de le faire, mais un peu bêtement, j’ai attendu qu’elle vienne vers moi… Sérieusement, comment je voulais qu’elle vienne vers moi alors qu’elle ne pouvait pas marcher et qu’elle restait constamment dans son lit ou son fauteuil roulant... ? Surtout que je restais en permanence enfermée dans ma chambre, les yeux rivés sur l’ordi. Et le peu de fois où je remontais, je me faisais une joie de l’ignorer… J’ai été juste cruelle. Tout au long de ces trois années. J’ai tellement honte…

J’étais certes à un passage de ma vie où je n’allais pas très bien, mais c’était tellement ridicule à côté de ce que devait endurer toute la famille… Sans parler de Mamy qui devait se sentir affreusement coupable d’être "un poids", même si à l’époque, j’étais persuadée qu’elle était réellement contente de nous pourrir la vie en nous demandant tout le temps de l’aide. D’un côté, elle était obligée de nous demander de l’aide puisqu’elle ne pouvait pas bouger toute seule. Avec le recul, je me rends compte que j’ai juste joué à l’ado égoïste et je n’en suis pas fière. Vraiment pas. Surtout que j’en ai bien profité de sa maladie… Mon "échec" pour être la meilleure de la classe, c’était à cause d’elle parce que du coup comme on ne voyait pratiquement plus Papa et Maman -Maman était toujours à l’hôpital la première année et Papa allait la récupérer le soir en rentrant du travail, mais Maman avait un peu de mal à laisser Mamy du coup ils rentraient rarement avant 23h-, je ne faisais plus mes devoirs vu qu’il n’y avait personne pour m’y pousser. Sa maladie m’a aussi servi d’excuses pour justifier le fait que je n’avais pas fait mes devoirs. Je pense que Blanche se souviendra toujours quand j’ai dis à la prof de français -Marie-Marie M.- que j’avais oublié mon DM à l’hôpital et que je pourrais le lui rendre lundi prochain parce que je retournais à l’hôpital samedi. Finalement, je crois qu’elle ne m’a jamais redemandé mon devoir…

Bref, j’ai absolument tout mis sur le dos de Mamy à cette période alors qu’elle n’y était pour rien. Et je sais que Maman savait que je détestais Mamy. Parce que oui, jusqu’à ce qu’elle meurt, je crois que je l’ai détesté. De façon tout à fait injuste. Et ça m’embête terriblement que Maman pense que je détestais sa mère, parce qu’en réalité, je détestais surtout la maladie, mais je ne savais pas comment l’exprimer alors j’ai détesté Mamy… Je ne sais pas si je me cherche des excuses là ou pas, mais je me sens très mal. Non parce qu’avec Mamy, j’ai quand même de bon souvenirs… La première fois qu’elle est venu à la maison parce qu’elle était malade -en 2002 il me semble- elle regardait beaucoup la télé avec nous et du coup on lui expliquait ce qu’il se passait et tout et tout et on rigolait bien. Mais après elle est repartit quelques mois après parce que tout allait bien, on ne s’est revu qu’en été 2008 au Bénin et on va dire que j’étais dans ma période "je veux vivre en ermite" du coup on a pratiquement pas parlé et quand elle est arrivée malade en hiver 2008, j’ai pas cherché à la connaître de nouveau.

Dans cette période, je m’en veux aussi de ne pas avoir soutenu plus Maman. Pire, je m’en veux de lui avoir tenu rigueur de s’occuper plus de sa maman qui allait mal que de nous qui allions très bien. Surtout que pour être, franche, Maman a fait tout ce qu’elle a pu avec Papa pour qu’on puisse continuer à vivre normalement Yo', Sa' et moi. Parce que oui, même avec les assurances, les mutuelles et la sécurité sociale, les frais d’hospitalisation et tout et tout, ça coûte vachement cher. Et malgré ça, ils m’ont acheté deux ordis, un appareil photo à plus de 400€ et Yo' aussi a eu un ordi et Sa', sa DS et son IPad… Alors franchement, je n’ai pas le droit de me plaindre. Et même si du coup Papa était beaucoup plus à cran et qu’il s’énervait souvent pour pas grand-chose -bon, okay, avoir 6 de moyenne en maths et en physique-chimie, c’est peut-être abusé, je veux bien le reconnaître...- ça peut franchement se comprendre et surtout, il est resté. Je pense que tout le monde dans notre entourage avait un peu peur qu’un jour, Papa décide de partir et qu’on se retrouve à quatre. Mais mon Papa, c’est le meilleur du monde, même s’il râle beaucoup et qu’il est loin d’être un pro en matière de communication. Je me souviendrais toujours il y a deux ans, quand j’étais en terminale et que j’ai reçu mon bulletin du deuxième trimestre : j’avais un sale bulletin, il faut bien le reconnaître et j’ai eu la mauvaise idée de le comparer aux bulletins de mes années précédentes… Ca n’a pas loupé, ça m’a totalement déprimée et je me suis mise à pleurer -bon, je devais être super fatiguée aussi parce que passer dix heures au lycée à suivre des cours qui ne nous intéresse pas le moins du monde, c’est fatiguant...- Seulement, Papa était déjà rentré du travail et quand il m’a vu dans le salon en train de pleurer, il s’est assis à côté de moi et à commencé à me prendre dans ses bras pour me réconforter. C’est stupide mais j’ai encore plus pleuré parce que c’est un truc qu’il n’avait pas fait depuis une éternité. Mon Papa a commencé à ne plus trop savoir comment s’y prendre avec moi quand je suis entrée au collège. Je grandissais, ça devait lui faire un peu peur et il n’a plus trop su quoi faire. Mais ça va de mieux en mieux maintenant.

Je pense que je vais m’arrêter là parce que bon, avoir les yeux gonfler, c’est pas top quand même. Mais juste pour conclure sur cette partie, à part moi, tout le monde a été génial. Maman pour avoir su gérer à la fois son rôle de mère et son rôle de fille même si tenir ce rythme pendant trois années l’a totalement exténué -c’est la que je vois que ma Maman a une force de caractère exceptionnelle-. Papa pour avoir su soutenir Maman tout au long de cette épreuve et continuer de faire comme si tout allait bien et qu’on n’avait pas de problème d’argent. Yohann pour avoir été le seul à aller de lui-même tenir compagnie à Mamy, lui faire des massages, aider Maman pour la lever et la mettre dans son fauteuil et tout et tout et aussi pour avoir fait la cuisine quand Maman restait à l’hôpital. Sarah pour avoir réussi malgré tout à exceller en cours en se débrouillant toute seule alors qu’elle faisait sa première année au collège, pour avoir aider Yohann à faire la cuisine et pour tenir compagnie à Maman. Et moi, je n’ai strictement rien fait. Pas le moindre petit effort. Rien. Je rechignais déjà à aller juste dire "bonsoir" à Mamy en rentrant de cours alors c’est clair que je n’allais pas faire plus d’effort… Durant ces trois années, j’ai juste fait de l’ordi et je me suis lamenté sur mon sort. Pendant trois ans… Ca fait long quand même…