La vie d'une Quiche

J'aime pas les titres.

Parfois, je me dis que j’aurais mieux fait de mettre la date en guise de titre à chaque fois pour ne pas avoir à mettre des trucs bidons, mais maintenant que j’ai commencé -et pas qu’un peu- avec des titres bidons, autant les garder sur la durée. Au pire, ça m’aide à savoir, rien qu’au titre, dans quel état d’esprit je me trouvais au moment où j’écrivais. Titre bidon = rien d’intéressant à raconter, rien de mémorable, mais un besoin d’écrire intense. Bon, "intense", j’exagère peut-être un peu beaucoup, mais j’ai besoin d’écrire, ça c’est certain.

Je crois que j’ai un petit côté maso parfois. J’aime la douleur. Enfin, pas la douleur physique intense de quand on se casse une jambe ou qu’on se prend un coup de poing dans la figure -j’ai jamais testé au moins un des deux cela dit-, mais plus la douleur lancinante d’une bonne migraine ou la douleur constante et plus ou moins frappante dans le bas-ventre les premiers jours de menstruation. Bon, autant pour les migraines, j’avoue que je craque souvent et que je finis par prendre un cachet -mais uniquement parce qu’avoir mal à la tête me donne la nausée assez rapidement et je déteste avoir la nausée-, par contre, pour les règles, je préfère souffrir. J’ai toujours du Spasfon à côté de moi au cas-où, mais je préfère ne pas l’utiliser. Parce qu’au final, j’aime cette douleur. Même si ma patience est inexistante dans ces cas-là, que je suis incapable de faire preuve de tact, que je somnole à longueur de journée pour essayer de diminuer la douleur et que je suis incapable de faire quoique ce soit. En fait, ça me donne une bonne raison d’aller mal, et j’adore ça.

C’est vrai, quand on est moi, on se rend rapidement compte que dans ma vie, il n’y a pas le moindre problème. Tous les problèmes que j’ai, je me les invente et les fabrique de toutes pièces et ensuite je mets ça sur le compte de mon caractère. Or je sais que c’est faux. Je sais que si je le voulais, je pourrais tout résoudre en une fraction de seconde. C’est juste que j’aime aller mal. Pas tout le temps, mais de temps en temps, ça me fait du bien de me dire que ma vie est pourrie et que si je disparaissais du jour au lendemain, personne ne s’en rendrait compte. J’ai beau savoir que c’est faux, j’aime le croire. Parce que comme ça, quand quelque chose de réellement bien m’arrive, je m’en rends compte et j’arrive à en profiter correctement. Sinon, si je ne me force pas à aller mal, j’ai l’impression que tout ce qui m’arrive de bien est la suite logique des choses et donc je ne m’en émerveille pas. Et je déteste être blasée. Être blasée, c’est être vide, c’est ne rien ressentir, c’est donc presque comme un état de non-existence. J’aime l’existence malgré ce que je peux laisser croire ou ce que je peux penser parfois. D’accord, j’ai pas réellement de passion, de but ou de raison de vivre, mais ça ne m’empêche pas de trouver la vie fascinante. D’ailleurs, je me demande bien pourquoi on pense tous qu’il faut avoir un but, une passion ou une raison de vivre pour vivre correctement sa vie. C’est vrai, au final, la passion peut tuer, le but nous fait passer à côté de plein de choses merveilleuse et si la raison de vivre vient à disparaître, il ne nous reste plus rien et comme on n’en a pas l’habitude, on devient malheureux. Donc ne rien avoir de tout ça dès le début, c’est le meilleur moyen de réellement profiter de la vie dans son ensemble et non pas seulement d’une petite fraction d’elle.

Après tout, c’est vrai qu’en ne m’intéressant à rien de particulier, j’ai appris plein de choses dans pas mal de domaines. Et ce parce que j’étais réceptive à ce que l’on me disait ou par ce que je voyais. Finalement, en voyant les choses sous cet angle, je me rends compte que j’ai peut-être vécu plus de trucs que je ne pouvais le croire.

Alors oui, peut-être que je n’ai pas assez galéré dans la vie pour être réellement mature, mais peut-être que je ne suis pas censée galérer… S’il y a des gens qui galèrent tout au long de leur vie alors ceux qui ne galèrent jamais doivent certainement exister aussi. Après, j’aurais acquis sûrement moins d’expérience que les gens qui ont réellement galéré à un moment de leur vie, mais l’expérience n’est importante que si l’on s’en sert. C’est comme avoir un abri anti-atomique, en cas d’attaque atomique, c’est cool d’avoir dépenser son argent dedans, mais s’il n’y en a pas, ça sera de l’argent perdu. C’est pareil pour le facteur "galérer", ceux qui auront galéré seront mieux préparé que moi en cas d’obstacles, mais si je ne rencontre jamais d’obstacle, ce n’est pas grave si je n’ai jamais galéré… Et puis, si ça me permet de garder mon petit côté naïf autant touchant qu’agaçant, je ne suis pas contre. J’aime bien être un peu naïve sur les bords. Au moins, je distrais un peu les gens et j’apporte une petite touche de fraîcheur autour de moi. C’est plutôt rentable.