La vie d'une Quiche

Je les aime

Hier, comme je le disais, on a eu un problème en partant de l’hôtel. Le problème du genre, tu as toutes tes affaires, tu fermes la porte à clés, tu donnes les clés à la réception, tu dis "Au revoir" joyeusement et avec le sourire et tu te diriges vers la voiture pour mettre tous les sacs dans la voiture et au moment de partir, la meuf de l’hôtel débarque en te disant "T’as pas payé !". Et là, grosse incompréhension en mode "Hein ? De quoi ? Payer ? Mais… C’est pas déjà fait ? On s’est fait inviter hein, voyez ça avec Pat'...". Mais non, pas moyen de partir, visiblement, les chambres n’ont pas été payées -juste un petit acompte- et pas moyen de joindre le tonton en question… Bon… C’est vraiment pas cool, mais tant pis, on y va. Pas franchement contents, surtout que Wan et La Belge n’avaient pas eu d’oreillers pour dormir -celle qui avait fait le ménage avait visiblement décidé de les en priver- et que tout le monde était crevé. Et puis bon, payer un hôtel, ça faisait chier… Surtout qu’on avait compris que c’était tout frais payés… Visiblement, c’était seulement dans nos rêves.

Bref, à la réception de l’hôtel, le patron commence à nous engueuler en nous disant qu’on ne quitte pas l’hôtel comme ça sans demander si ça avez été payé ou pas. Très mauvaise idée compte tenu que le Chéri et Wan ne supportent pas qu’on leur gueule dessus, surtout s’ils ne se sentent pas en tort. Forcément, le ton monte, les esprits s’échauffent et moi, j’attends juste l’addition, très énervée dans mon for intérieur par ce manque d’organisation –pourtant, je devrais être habituée, du côté de Maman, c’est souvent le même bordel…-. Et là, la note tombe : 113€ fois deux. Grosse grosse incompréhension. Pat’ nous avait dit la veille qu’il avait eu l’étage pour 110€ alors d’accord, on y avait dormi deux nuits, mais 110€ c’était pour 4 chambres, pas deux… Du coup on nous explique le calcul, on comprend pour le premier 113€ -une histoire de taxe-, mais le deuxième, il a beau expliqué, je –nous- ne comprenons rien.

Mais bon, on est fatigué, on veut juste partir alors Wan paye le tout –j’avais pas assez sur ma carte-. Cependant, comme la carte de Wan ne semblait pas pouvoir passer, avec La Belge on décide de payer en liquide donc je vais avec le Chéri retirer de l’argent à un distributeur. Puis finalement, le temps de revenir, la carte de Wan est passé et donc on s’en va avec un Wan très très énervé et un le Chéri tout aussi agacé. Puis là, on se fait rattraper par le gérant de l’hôtel qui nous explique que sa sœur –celle qui nous avait poursuivi la première fois- était une gourde et qu’elle nous avait fait payé deux fois au lieu d’une… Du coup le Chéri et Wan y retournent histoire de voir comment il allait se faire rembourser et moi j’ai préféré attendre dehors. Parce que ça me saoulait de plus en plus et que j’avais qu’une envie : me poser.

Bon, le trajet vers chez Pat’ fut assez angoissant parce qu’il y a beaucoup de virages et de pentes escarpées dans le coin et que Wan conduisait, du coup, très vite, beaucoup trop vite. Finalement, La Belge lui a fait une petite remarque comme quoi, qu’à ce rythme, on allait tous mourir et ça l’a calmé. Je l’ai remercié mentalement parce qu’un peu plus et je vomissais dans la voiture, ce qui n’aurait pas aidé à calmer la mauvaise ambiance.

Bref, après les choses se sont plus ou moins réglées et on a pu reprendre la route avec un Wan plus détendu, mais moi, j’étais plus du tout détendue. Déjà, j’avais mal au ventre à cause des règles, mal à la tête à cause de la fatigue, mal à l’estomac à cause du trajet juste avant et du coup je n’avais pas eu le cœur à manger un truc et donc je me sentais juste super mal. Et puis à un moment, j’ai voulu aider le Chéri à ouvrir la glacière parce qu’il s’énervait tout seul dessus, il m’a fait une remarque, ça m’a gavé et j’ai reposé ma tête contre la vitre, loin de lui. Il s’en ai voulu, il m’a demandé pardon, je lui ai dis que c’était pas grave et là, j’ai craqué.

Je me suis dit que mes parents me manquaient, que c’était les meilleurs parents du monde. Qu’au moins, quand j’étais avec eux, même quand il y avait des trucs pas cool comme ça qui arrivait, bah Maman arrivait toujours à détendre l’atmosphère. Que les problèmes d’argent c’était vraiment la merde et qu’il n’y avait pas moyen pour que ça devienne un jour une habitude pour moi. Que je regrettais le temps de quand j’étais petite parce que là au moins, tout allait vraiment toujours bien et que j’avais vraiment vraiment beaucoup de chance d’avoir mes parents et pas d’autres.

Sérieusement, là, j’ai hâte de les retrouver vendredi soir. J’ai hâte de voir Papa être content pour moi, me poser plein de question sur comment ça va se passer à la Caf, comment je vais faire pour y aller, me dire qu’il faudrait que je passe le permis et tout et tout. Et puis ma Maman aussi. Parce que c’est probablement l’une des rares mamans équilibrées de ce monde, faut croire… D’ailleurs c’est bizarre d’écrire ça parce que ma Maman n’a rien d’équilibré à mes yeux. C’est plutôt un genre d’ovni. Mais dans le bon sens du terme. Elle fait, dit des trucs improbables, mais ça a toujours une résonance quelque part en moi. Même si ça m’agace parfois… Comme son truc de prière. Je suis fondamentalement contre les religions parce que c’est trop la merde, et pourtant… Quand je la vois, je me dis que ça marche. Alors je reproduis. A mon échelle. Quand ça m’arrange. Et même comme ça, ça fonctionne. Alors je lui accorde le bénéfice du doute et me dis qu’elle n’est pas si illuminée que ça.

Non mais, concrètement, mes parents sont vraiment deux piliers de ma vie. J’ose même pas penser au jour où ils me seront enlevés parce qu’immanquablement, dès que cette idée frôle mon esprit, je me mets à chialer. J’ai pas besoin qu’ils me soient enlevés pour me rendre compte à quel point ils sont extraordinaires. En fait, tout parent normal devrait être comme ils sont en y réfléchissant bien. J’espère vraiment que j’y arriverai. Que je pourrais être aussi exceptionnelle. Être aussi normale. J’espère que mes enfants penseront la même chose à propos de moi.
Il paraît que tous les parents cassent un peu leurs enfants, d’une manière ou d’une autre. Les miens doivent faire exception ou alors ils m’ont drôlement bien formaté…

Sincèrement, je dois avoir les parents les plus équilibrés du monde. Je suis vraiment contente de m’en rendre compte à ce stade de ma vie, comme ça j’ai encore plein de temps pour les remercier d’être comme ils sont.
Il n’y a pas à dire, je les aime. Plus que tout l’Univers.