La vie d'une Quiche

Les animaux sont des humains, en mieux.

J’ai rien à dire, pour changer, mais j’avais envie d’écrire un peu. Donc j’écris. J’avoue que c’est moyennement productif...
J’ai vaguement parlé à ma soeur de ce journal et la seule chose qui l’intéressait était de savoir si je parlais ou non de nos animaux dedans. Ma soeur est très branchée animaux. J’étais pareil avant, avant que Momo ne meurt.

Momo, c’était mon cochon d’Inde, mon tout premier animal que j’avais tellement désiré. Au départ je voulais un chien, mais ça c’était quand on habitait en ville et du coup le terrain était trop petit, et puis j’étais trop jeune aussi, j’avais sept ans à l’époque. Et à mon anniversaire, pour mes sept ans, j’ai eu Momo. J’avais découvert les cochons d’Inde dans un livre pour apprendre à compter et ma mère, bien que n’étant pas très fan des rongeurs avait accepté parce que les cochons d’Inde, ça n’a pas de queue… Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi la queue des souris et autres la dérangeait, mais bon, chacun ses peurs, je suppose. Bref, tout ça pour dire qu’à mes sept ans, j’ai eu Momo. Et à partir de ce jour, Momo fut mon petit bébé, mon chéri et le meilleur confident qui puisse exister. Momo c’était juste la perfection incarnée dans une boule de poil. Et je savais très bien qu’un cochon d’inde vivait rarement plus de 5 ans. J’avais un livre sur les cochons d’Inde pour savoir comment s’en occuper donc je savais tout ça, mais en même temps, le cochon d’Inde de Mamy M. avait vécu 10 ans alors je me disais que Momo pourrait en faire autant et quand on est petit, 10 ans c’est énorme. A partir du moment où j’ai eu Momo, je ne me suis plus imaginé vivre sans lui. Je me voyais déjà l’emmener dans mon appartement quand je ferais mes études puis dans ma maison quand j’aurais un mari et des enfants. Pour moi, Momo était éternel. Enfin, pas vraiment, je pensais juste que Momo et moi, on mourrait en même temps. Mais non.

En 2005, la dure réalité nous a rattrapé et Momo à eu un cancer du sein. Alors que c’était un mâle… La vétérinaire a dit que c’était un cas très rare, il est même entré dans les annales vétérinaires du coin. Du coup on a eu le choix entre l’euthanasier ou le faire opérer. Et l’opération en plus d’être expérimentale et donc incertaine quant à sa réussite coûtait 300 €... Et c’est là que je me rends compte que mes parents sont vraiment extra parce qu’en dépit de toute raison, on a décidé de faire opérer Momo qui avait déjà 5 ans et qui donc, techniquement, était déjà vieux pour un cochon d’Inde. Et il s’en est sortit mon Momo. On a eu un an de répit, un an où j’ai profité de lui au maximum puis quelques jours avant sa mort, je me souviens que j’étais avec lui dehors, je lui chantais une musique que j’avais apprise en 6ème et qu’il semblait bien apprécier et à un moment je me suis mise à pleurer en lui demandant de ne pas me quitter. Que j’avais besoin de lui et que sans lui la vie n’aurait plus le même goût. Que c’était grâce à lui que je trouvais autant de trèfles à quatre feuilles dans le jardin -il avait un don assez impressionant pour les trouver- et tout simplement que je l’aimais. Puis un jour, le 1er Avril 2006, mes parents nous avaient déposé mes frangins et moi chez Tonton Ab. parce qu’ils étaient invité à une fête et le lendemain, prise d’une intuition que je n’ai jamais su m’expliquer, j’ai appelé Papa et Maman qui étaient sur la route pour venir nous chercher et je leur ai demandé s’ils avaient pensé à nourrir Momo. Je n’avais jamais fait ça. En général, Momo était habitué à manger le soir et en plus je lui donnais toujours assez de nourriture pour deux jours. Mais ce jour là, j’avais peur qu’il n’ait pas assez de nourriture ou d’eau. Et du coup, dès qu’on est rentré à la maison, je suis allée directement voir Momo au lieu d’aller allumer l’ordi comme je le fais toujours.

Et là quand j’ai vu mon Momo allongé de tout son long et qu’il n’avait pas bougé alors que j’ouvrais sa cage, mon coeur a loupé un battement, et quand j’ai touché son corps tout froid et tout dur, j’ai compris que mon intuition était bonne. Momo était mort. Ce soir-là, j’ai pleuré comme je n’ai jamais pleuré. Mon Momo était mort et je n’avais même pas été là pour lui. J’ai pleuré à m’en donner mal à la tête, j’ai pleuré à ne plus avoir de voix, cette nuit-là, j’ai juste tout donné. Et après je suis tombée malade pendant une semaine.

J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre et ça peut paraître stupide, mais ça me fait toujours autant pleurer quand j’y repense. Quand je repense à sa rigidité, quand je repense à mes cris, à moi tournant en rond dans la maison en pleurant comme une hystérique puis à moi épuisée par toute cette tristesse, fermement blottit contre ma peluche chien Brandy.

Et depuis, j’avoue avoir du mal à m’attacher aux autres, aux animaux et aux gens à cause de ça. Je n’envisage plus aucune relation sur le long terme, je sais que tout à une fin et donc je m’y prépare, ce qui n’est pas forcément bien puisque du coup, mon attitude blasée éloigne les gens qui essayent de me connaître. Et je crois que j’ai tellement pleuré pour Momo que j’ai plus de mal pour pleurer maintenant. Quand Mélissa -une cousine âgée d’un an de plus que moi réellement adorable mais malheureusement atteinte de la drépanocytose- est morte le 26 septembre 2010, j’ai pleuré, mais pas énormément, quand Tonton Alexandre est mort, je n’ai pas pu pleurer parce que je le connaissais, certes, mais pas vraiment. Et quand Mamy est morte en septembre dernier, j’ai surtout eu de la peine pour Maman. En même temps, mon opinion vis-à-vis Mamy était un peu trop "méchant", je me suis montrée injuste avec elle et ça, je ne l’ai compris que trop tard.

Enfin bref, tout ça pour dire que des animaux, à partir du moment où on a déménagé à la campagne, on en a vu défiler, mais j’ai plus la force de pleurer pour eux. Du coup j’évite de trop m’y attacher. Mais je sais que ce n’est pas possible, pas quand mon Elliot -un chien de berger de 3 ans resté bébé dans sa tête mais paradoxalement très intelligent- vous regarde avec ses grands yeux chocolats, pas quand Bobby -un chien têtu qu’on a recueilli alors qu’il allait se faire euthanasier parce que plus de place dans la SPA- vous lorgne du regard parce qu’on l’a réprimandé, pas quand Rodja -un cochon d’Inde ammené par nos cousins allemands- vous mord parce qu’on essaye de lui couper les ongles ni quand Câline -notre dernière arrivée- miaule de tout son saoul parce que les bébés qu’elle attend lui font mal au ventre. Et je sais très bien qu’endurcie ou pas, si l’un de ces quatre -puis bientôt faudra ajouter les petits de Câline- meurent, et bien je pleurerai quand même comme un bébé. Mais moins que pour Momo. Parce que Momo, ça reste quand même mon premier bébé à moi.