La vie d'une Quiche

The Funeral- Band of Horses

Parfois, je déteste la musique. Et The Funeral est un exemple typique des musiques que je hais autant que j’aime. Je les aime parce qu’elles font réagir quelque chose en moi. Quelque chose de fort. Mais je les déteste aussi parce que souvent, ce quelque chose me mine totalement le moral. Mais comme un maso qui ne peut s’empêcher de souffrir, je ne peux m’empêcher de les écouter en boucle. D’approfondir à chaque fois un peu plus ma peine. De me forcer à verser toutes les larmes que j’accumule depuis ma dernière "repentance". Parce que quelque part, ça me fait du bien de tout lâcher comme ça. D’écrire tout ce qui ne va pas, tout ce que j’ai à me reprocher, à reprocher aux autres. Parce qu’une fois que c’est écrit, ce n’est plus en moi et du coup, ça va mieux. Une sorte de thérapie par l’écrit… Et la musique n’en est que le moteur. Tant que je l’entends, j’écris. Jusqu’à ce que tout soit sorti.

En fait, j’ai beau faire comme si ça ne me faisait rien, j’en ai plus que marre de faire foirer automatiquement tous mes semblants et/ou débuts de relation. J’en ai marre de changer d’avis une fois qu’on s’intéresse de trop à moi. J’en ai marre d’avoir envie que les gens s’attachent à moi et de les fuir une fois que c’est fait. J’en ai marre de ne pas avoir le courage de m’intéresser réellement à quelqu’un. D’essayer de le connaître pour de vrai et de le faire passer un peu avant moi. Au final, j’ai beau faire ce que je veux, je reste une égoïste narcissique et égocentrique. J’ai besoin que le monde tourne autour de moi. J’ai besoin que les gens s’intéressent à moi. J’ai besoin d’être aimée.

Je crois que le problème se situe juste à ce niveau. Jusqu’à présent, je ne suis tombée que sur des garçons qui ne s’intéressent qu’à mon physique. Après, ça peut changer, un peu, mais au final, c’est le physique qui prime. Et je ne suis définitivement pas le genre de fille qu’on garde en me disant que je suis belle. Certains l’ont compris. Le truc, c’est que je sais qu’ils l’ont compris et donc qu’ils ne me font des compliments d’un autre genre uniquement pour m’avoir. En fait, je suis peut-être juste un peu parano et je prête aux gens des intentions qu’ils n’ont pas. Et puis, il faut que j’arrête d’être de mauvaise foi. Après tout, moi aussi j’évalue les gens sur leur physique. Le mental occupe une part essentielle de mon "évaluation", mais le physique ne peut pas être ignoré. La preuve avec Franz. Techniquement, il a presque tout ce que je recherche chez un gars. Il est intelligent, cultivé, un sens de l’humour absolument compatible au mien, gentil, taquin, attentionné, fidèle et on peut lui faire confiance. J’adore ses yeux aussi. Mais voilà, autrement, physiquement, il n’y a rien. Rien du tout. J’ai essayé. Je promets que j’ai essayé de m’imaginer avec lui. Mais je n’ai même pas réussi. Ce n’est pas ce qui doit se passer entre lui et moi. Ca serait réellement trop bizarre. Et oui, peut-être que j’ai été la première à m’imaginer des trucs après notre première rencontre. Mais à partir du moment où il m’a embrassé, il a finalement été relégué dans la même case de tous les autres. Pourtant, je sais qu’il n’est pas comme tous les autres. Mais quand on entre dans cette case, on en sort difficilement. Je pense que pour le moment, il n’y a que S. qui pourrait basculer dans une autre case. Et encore.

Et ce truc avec Franz, ça me tue. Parce que je suis en train de perdre un ami exceptionnel. Je le sais. Sa réponse à mon sms pour lui souhaiter son anniversaire en est la preuve. Il a compris. Et du coup, comme je lui fait exactement le même coup que toutes les autres filles, il va chercher à m’oublier. Et c’est normal. Je pense que je l’ai blessé quelque part. Et c’est normal… Mais voilà, malgré tout, je l’aimais vraiment moi. Pas comme il l’aurait souhaité, c’est sûr, mais c’était la première fois que je me sentais aussi bien avec quelqu’un. Depuis, je ne me suis jamais sentie aussi bien avec un garçon. Peut-être parce que c’est la seule personne à qui j’ai parlé quotidiennement ou presque pendant près de cinq mois avant de le rencontrer… Parfois, j’en ai marre de ce corps. Juste parfois. Parce qu’au final, j’ai toujours aimé mon corps. Mais franchement, des fois, avoir mon physique, c’est juste chiant. Je ne suis pas une bombe, mais j’ai un physique très attractif on va dire. Et ça me joue des tours avec les gars.

Et puis, je sais pas. Ca m’énerve aussi d’avoir constamment peur d’aller vers les autres. De toujours attendre qu’on fasse le premier pas vers moi juste parce que j’ai peur de déranger ou que j’ai peur de me prendre un vent. J’ai peur des relations avec les autres. J’ai peur de m’attacher. Peur d’être blessée. Peur de souffrir. J’ai peur de pas mal de choses en fait. Moi qui pensais avoir changé, en fait, au fond, je suis toujours la même petite fille effrayée par les autres. J’essaye de me le cacher, de le cacher aux autres, mais c’est là au fond de moi : ils me font peur. Le pouvoir qu’ils peuvent avoir sur moi me fait peur.

Mais du coup, je me retrouve seule. Seule et avec la barrière de la langue qui me pousse un peu plus à l’isolement. Je préfère ne pas parler plutôt que de prendre le risque qu’on ne me comprenne pas. Alors je souris, je rigole et je hoche gentiment de la tête alors qu’au fond, je me sens juste terriblement seule. Il faut que je trouve "LA" rencontre. Je sais qu’elle va arriver, la question c’est juste : quand ? Quand arrêterais-je de me sentir aussi seule ? Quand pourrais-je de nouveau marcher dans la rue avec quelqu’un à qui parler ? Quand pourrais-je de nouveau chahuter joyeusement avec quelqu’un ? En fait, je ne veux pas forcément rencontrer plein de gens. Rencontrer "LA" personne me suffirait amplement. Je veux juste essayer de faire confiance pour une fois. A quelqu’un d’autre qu’un membre de la famille.

Je pense que je vais aller dormir. Je suis crevée depuis 19h et mes yeux se ferment tous seuls…