La vie d'une Quiche

Désabusement laconique

En prépa, on travaille de trop. Enfin, ça serait le cas si je faisais réellement ce que l’on demandait de me faire. Mais bien évidemment, je ne le fais pas… Je pense à travailler, je me fais des plannings mentaux assez impressionnants, mais tout ça reste purement mental. J’aime pas travailler. J’aime pas étudier. J’aime pas les auteurs dit classique. J’aime pas non plus me réveiller tous les matins pour aller en prépa. En fait, en y réfléchissant bien, je n’aime pas grand-chose… Ecrire, peut-être, et encore, forcez-moi à écrire et je n’écrirais plus rien. Lire ? Même topos…

Je ne suis pas ancrée comme fille, je crois que c’est ça mon plus grand problème. Je suis le mouvement des vagues sans jamais faire l’effort de rejoindre les îles que je rencontre à mon passage pour y construire quelque chose de tangible. Non. Moi je préfère me laisser porter par le courant pour voir où tout ça va me mener… Pas bien loin, je le sais pertinemment, mais puisque je ne veux pas me donner les moyens d’agir, j’hausse les épaules et je me laisse faire. Toute ma vie j’ai laissé l’avis des autres me guider. J’ai fais une terminale S parce que mes parents me l’avaient fortement suggéré, mais je n’étais pas à ma place, je voulais faire du littéraire. Alors pendant mes deux dernières années de galère au lycée, je réfléchissais à la façon d’annoncer à mes parents que je laissais tomber l’idée de l’école de pharma pour me lancer dans le littéraire -comme je le souhaitais depuis que j’étais toute petite-. Heureusement pour moi, mes parents sont loin d’être bête, et ils ont bien vu que ça n’allait pas -sans parler du fait que le cancer de ma grand-mère qui gangrenait un peu tout depuis ma seconde me donna d’impressionnantes circonstances atténuantes- et alors, ils n’ont pas sourcillé face à mon changement d’orientation de dernière minute. Et en ce moment, je remercie -assez ironiquement- l’imbécile qui m’a parlé de la prépa. "Un cursus d’excellence"... Tu parles. Ma seule chance est de ne pas être allée dans une prépa parisienne… Mais me conseiller à moi -flemmarde invétérée- de faire une prépa relève réellement du sadisme pur. Et me voilà à présent engagée pendant encore un peu moins d’un an et demi dans quelque chose qui ne me convient pas vraiment. Quand je dis que je me laisse porter, c’est que tant qu’on ne me dira pas clairement que je suis nulle et que je n’ai rien à faire là, je continuerais. Je l’ai fait toute ma vie, je ne verrais pas pourquoi je m’arrêterais en si bon chemin…

Enfin, d’un autre côté, en étant absolument sincère avec moi-même, je sais pertinemment qu’aucun cursus quel qu’il soit ne pourra me plaire. Je pense vraiment qu’il y a des gens qui ne sont pas fait pour travailler -du moins, pas fait pour les métiers qui existent actuellement- et qu’ils sont condamnés à faire toute leur vie quelque chose qui ne les excitera pas réellement. Et malheureusement pour moi, je crains faire partie de cette catégorie… Parfois, je trouve que ma vie est vraiment désabusante...

Sinon en dehors de ce constat assez navrant quant à mon avenir professionnel, je dois admettre que le côté social n’est pas plus reluisant… En effet, en plus du premier "lapin" que C. m’a posé -enfin, ce n’était pas réellement un lapin vu que je n’avais pas encore accepté, mais tout de même...- ma mère en a rajouté un deuxième. Deux dans la même journée, prends-toi ça dans la tronche !
En gros, ma mère qui était de passage m’avait proposé de manger ce midi avec moi -ce qui tombait vraiment bien parce que :

    1) Ce week end je ne pourrais pas rentrer à la maison

    2) J’étais un peu en train de spleener

    3) J’aurais pu avoir un avis sur l’état assez préoccupant -selon moi- de ma langue sans avoir à passer par la case médecin -pas que ma mère soit médecin, mais elle sait quand il faut s’inquiéter ou pas…

    4) J’aime toujours passer des moments avec ma mère

Mais elle a finalement annulé parce qu’elle a trouvé une amie qui pouvait la ramener à la maison sans avoir besoin de prendre le bus. Bref, ça m’a fait chié et je suis rentrée à l’appart pour me manger ma moitié de pizza comme le veut la tradition du mercredi.

Et à part ça : j’ignore toujours aussi bien mes amis -dur dur de revenir après plus d’un mois d’absence totale et pour être franche, ça me fait du bien de couper les ponts comme ça de temps en temps -; je passe ma frustration sur mes "contacts" des différents sites sociaux où je suis inscrite et je me morfonds à chaque fois un peu plus dans ma fausse solitude pesante. Pas facile de concilier son besoin d’attention constante avec une nécessité absolue de solitude… Je crois que je suis sacrément tordue, ou plutôt, je suis sacrément pathétique…