La vie d'une Quiche

Bof bof

En fait, je vais bien. Je suis contente de moi : je gère de mieux en mieux les petits. Même les crises de W. En fait, c’est super simple, il suffit de ne surtout pas lever le temps, de lui demander de se calmer, de lui demander pourquoi il crie et de ne surtout pas accéder à ses demandes de "Move away" et "Fuck off" et il finit par se calmer tout seul. Et surtout, il faut l’ignorer et continuer de vaquer à ses occupations. Et je suis hyper douée pour faire ça. Par contre, quand les parents sont là, je les laisse se débrouiller tous seuls. D’autant plus qu’ils n’adoptent pas ma super méthode. Soit. Il préfèrent crier et s’énerver pour rien au lieu de le laisser faire, libre à eux. Personnellement, je préfère adopter les méthodes de ma mère qui est nourrice et à la tête d’une famille plus que nombreuses -elle a cinq frères, elle a grandi avec onze garçons plus jeunes qu’elles, elle est nourrice et s’est toujours plus ou moins occupée de jeunes enfants et en plus, ses frères ont maintenant des enfants de dix ans plus jeunes que moi, donc elle envoie du poney ma Maman- et elle a toujours appliqué la méthode de "continue de crier si ça te chante, moi je m’en fous totalement" qui marche à merveille pour le peu qu’on ait des nerfs et des oreilles de compétition. Mais ça marche. Et vu que je suis pas mal flegmatique comme fille, c’est géant.

Bref, je m’en sors bien et au final, les petits m’aiment bien quand même et finissent toujours par revenir vers moi, donc c’est le plus important.

Sinon, demain, je sors enfin pour de vrai. Pour une fois, j’aurais pas besoin de m’inventer des amis fictifs pour rassurer mes hosts et ma famille sur le bon état de ma vie sociale ici… Je sais pas si j’en ai parlé, mais mes hosts ont une dame de ménage qui passe une fois toutes les deux semaines et hier, quand elle est venue, on a pas mal sympathisé. D’autant plus qu’on est d’accord sur le fait que l’éducation anglaise, c’est quand même pas le top. On va l’appeler Divine et elle est brésilienne à la base. Je sais pas pourquoi, mais je m’entends toujours super bien avec les brésiliens, je trouve ça marrant. Peut-être que le fait qu’il y ait plein de films brésiliens au Bénin n’est pas un hasard… J’en sais rien, ya peut-être un bon feeling entre les brésiliens et les béninois…

Bref, on a sympathisé, elle m’a montré des photos de ses enfants : elle a une fille de 20 ans et un fils un peu plus vieux je dirais. Elle m’a aussi montré les photos de ses animaux et à la fin, j’ai même eu le droit à la photo de son mari. Et puis on a papoté une vingtaine de minutes, ensuite je l’ai laisser bosser tranquille puis au moment de partir, comme elle ne m’avait pas vu manger -je n’aime pas me faire à manger ici quand je ne suis pas toute seule, j’ai peur que l’on me voit comme une voleuse de nourriture alors que c’est stupide vu que Sh. m’a dit dès le premier jour que je ne devais pas hésiter à me servir-, elle m’a dit qu’il fallait que je mange, qu’en Angleterre les gens avaient en général très peu de nourriture dans leur frigo puisqu’ils achetaient tout au jour le jour et que donc, je ne devais pas me laisser mourir de faim. J’ai essayé de la rassurer en lui disant que j’avais à manger dans ma chambre -ce qui était vrai jusqu’à mardi, mais hier j’avais déjà plus rien...-, mais elle n’a pas eu l’air de me croire. Du coup, elle m’a invité à aller chez elle demain une fois qu’elle aurait terminé le travail vers 12h30. Je n’allais pas dire non, d’autant plus que ça ne me fera pas de mal de sortir. Le truc c’est qu’après elle a rajouté que le samedi soir, dans son Eglise, ils faisaient une sorte de "grand festin" tous ensemble et donc que je pourrais manger à ma faim… Je crois qu’elle pense vraiment que je ne me nourris pas en fait… Enfin bref, je vais donc aller à l’Eglise demain… D’un autre côté, je suis là pour faire des expériences et au pire, si son Eglise fait trop secte, je vais faire comme pour N., je dis ce qu’elle veut entendre tant que je suis avec elle et ensuite elle n’entendra plus jamais parler de moi. Bon, sauf qu’elle vient faire le ménage toutes les deux semaines… Mais vu que je suis douée pour m’inventer une vie sociale et des projet, je n’aurais plus à montrer une nouvelle fois l’étendue de mes capacités en la matière.

Foncièrement, tout va bien. Foncièrement. C’est juste que demain c’est l’anniversaire de Papa et ça va faire deux ans de suite que je n’y serais pas… Enfin, au moins, cette année, Maman y sera. Ca devrait aller du coup. En fait, c’est nul de grandir. Parce que certes, c’est super fun de faire sa vie tranquille de son côté, mais la vie de famille, c’est quelque chose à laquelle je suis très accrochée. En fait, je m’en rends compte là tout de suite sur le coup en écrivant ça, mais mon Papa, ma Maman, Yo' et Sa' me manquent énormément. Bon, en vrai ça fait un moment que je l’ai réalisé… Mais c’est chiant quoi, je pensais pouvoir tenir plus de temps sans qu’ils me manquent.

En fait, le plus drôle, c’est que jusqu’à ce que je les vois, tout va me manquer et dès que j’y serais, au bout de deux-trois jours, Yo' et Sa' vont recommencer à râler parce que Papa et Maman ne me demanderont jamais de faire quelque chose parce que maintenant je suis "grande" -et surtout parce qu’ils veulent pas que je reparte trop rapidement si jamais ils m’en demandent de trop...-, Yo' va râler parce que je vais lui piquer sa connexion, lui pourrir ses plans de sortie avec ses amis en balançant des phrases du genre "Ah bah sympa, tu vas fêter le Nouvel An avec tes amis alors que moi ça va faire quatre mois que tu ne m’as pas vu..." et il sait à quel point Maman est sensible à ce genre de chose : la famille, ça passe avant tout le reste. Et autant dire que pour tout le monde dans la famille -excepté notre très cher Yoyo, les amis, ça ne sert pas à grand-chose… Et puis quand on voit comment je change d’amis, comment je ne garde pas contact avec les anciens, on ne peut que se dire que je suis tout à fait en accord avec cette pensée…

Enfin bref, au début de l’écrit, j’avais pas mal le spleen. Mais finalement, là, ça va mieux. Ma famille, je la garderai peu importe ce qu’il se passe alors non, ce n’est certainement pas en loupant quelques anniversaires et autres que je vais être mise de côté. N’empêche, ça fait bizarre d’être l’aînée. Jamais je ne connaîtrais ce que ça fait de voir un de ses frangins partir faire sa vie de son côté. Je ne connaîtrais jamais le manque d’un seul membre de la famille, pour moi, ce sont les quatre -enfin douze si on compte les animaux- d’un coup… Je suis toujours obligée de faire les choses brusquement moi pour avancer…