La vie d'une Quiche

J-34

Dans presque moins d’un mois, je rentre chez moi ! Je suis tellement pressée, tellement impatiente et tellement pressée de chialer en revoyant mes parents, mes frangins, mes chiens, mes chats, mon cochon d’Inde et ma maison ! Je sens que je risque de vivre l’un des trucs les plus puissants jamais ressenti sur mon "échelle du bonheur". C’est marrant comment une chose qui nous avait toujours semblé acquis pour toujours devient source d’une joie intense après quelques mois de privation… Haaan ! Et la nourriture de Maman ! Et les films du dimanche aprèm affalée sur Papa ! Et nos réunions de frangins inopinées dans une quelconque chambre pour parler de tout et de rien ! Ils me manquent tellement… C’est terrible.

Bref, dans un peu plus d’un mois, je serais dans ma maison et la fin du monde sera une grosse blague. Ca sera finalement juste la fin d’un monde sans ma famille. Je peux vivre avec cette idée.

Non, très sincèrement, si jamais cette histoire de fin du monde devait être vraie, j’aurais juste trop la mort. Dans tous les sens du terme. Sérieusement, si je dois mourir, ça sera auprès de ma famille et nulle part ailleurs. Et après mes 24 ans. J’ai une vie totalement garantie sereine et sans danger jusque là. Après, je devrais faire gaffe et arrêter de rencontrer des mecs d’Internet que je connais à peine voire pas du tout. Jusque là, je profite.

Du coup demain je ne sais pas si je vais vraiment aller voir Nicky ou pas. Je manque un peu beaucoup de motivation pour sortir de mon lit… Aujourd’hui je ne suis sortie qu’une fois de ma chambre et c’était à 15h pour aller prendre une douche… Maintenant j’ai une peau toute douce, des cheveux parfumés et soyeux enroulés dans une serviette depuis près de trois heures… C’est le seul point chiant avec mes cheveux : ils sont super longs pour sécher… Et je ne les sèche pas avec un sèche cheveux -d’abord parce que j’en ai pas- parce que sinon après ils redeviennent immédiatement trop secs, ils s’emmêlent plus vite et franchement, c’est pas beau. Ils sont beaucoup mieux quand je leur laisse le temps de sécher comme ils veulent. La patience, il n’y a que ça de vrai.

C’est marrant quand même comment la relation avec mon corps à changer l’année dernière. Du CE2 jusqu’à mes 18 ans, je détestais mon corps. J’avais l’impression qu’il faisait tout pour que je me sente mal. Je me trouvais trop grande -je dépassais tous les garçons de mon âge sans exception-, ma mère ne savait pas encore super bien tresser à l’époque donc j’avais une tête d’idiote (jusqu’en 6ème, après ça elle s’est bien améliorée), et le pire du pire : j’ai eu des lunettes quand on a déménagé… Au début j’étais contente d’en avoir, mais au bout de deux mois, j’en ai eu marre. Après au collège j’ai progressivement arrêté de les mettre et ma vue à commencer à s’améliorer à partir de là, étrangement… Bref, après la puberté n’a rien amélioré… J’ai pris du poids, ma poitrine ne ressemblait encore à rien et j’avais pris du poids. En revoyant les photos, plus tard, j’ai compris que j’avais toujours un peu exagéré "la catastrophe"... Enfin bref, quoiqu’il en soit, je détestais vraiment mon reflet dans le miroir. Complètement.

La confiance en moi a commencé petit à petit à réapparaitre vers 16 ans, quand j’ai vu que sur Internet, j’avais du succès. Mais je ne me trouvais belle que derrière un écran, à travers les photos que je pouvais prendre de moi. Mais c’est tellement facile d’être jolie sur une photo… On se fige en une pose où n’apparaissent que nos qualités et nos défauts sont sublimés par la 2D de la photo. Mais de retour à la vie réelle, je me trouvais moche. Tout simplement. Et c’était encore plus désespérant, parce que je ne me voyais pas comme étant celle que j’étais sur les photos. Et c’est frustrant de savoir que l’idéal est à portée de main, mais que la main ne peut le saisir pour une raison mystérieuse.

Alors à cette époque, j’ai pris des semblants de bonnes résolutions consistant à faire "du sport" chaque soir avant de me coucher dans le cas le plus réaliste et en me forçant à faire deux heures de vélo d’appart' dans les cas les plus délurés. Bien évidemment, je m’y tenais trois semaines, un mois, deux à tout casser, mais après j’oubliais. J’avais la flemme. Et vu que les résultats étaient loin d’être probants, loin de moi toute idée de culpabilité. Après j’ai aussi tenté les régimes les plus dingues. Jamais plus d’une semaine. J’aime pas les régimes.

Puis après tout ça, j’ai commencé petit à petit à accepter mon corps quand j’ai commencé à me faire draguer dans la rue. Après j’ai osé mettre des shorts, des robes et plus j’osais, plus je me trouvais jolie. Et dans cet élan d’auto-positivité sur moi-même, mon corps à commencer à évoluer de lui-même, sans que je ne change rien à mon hygiène de vie ou mon alimentation. C’était comme si juste en arrêtant de le détester, il s’épanouissait enfin.

Et quelque part, ça doit être vrai. Maintenant, mon corps est mon meilleur allié. En fait, j’ai une conception un peu bizarre de "mon être". Il y a mon corps et moi. Deux entités bien distinctes qui ne peuvent pourtant vivre l’une sans l’autre. Je ne suis pas mon corps et mon corps n’est pas moi, mais on dépend inextricablement l’un de l’autre. Ca n’a aucun sens une fois écrit, mais c’est comme ça que je ressens les choses. D’un côté il y a mon côté "spirituel" qui lui est totalement moi et de l’autre côté il y a le physique qui lui est représenté par mon corps. Mais du coup, je ne peux pas réellement agir sur mon corps. Je peux juste l’encourager, mais s’il n’est pas décidé à perdre ou prendre du poids là ou je voudrais, et bien j’aurais beau faire tout le sport du monde ou arrêter de manger toute une semaine (le truc bien impossible à faire), ça ne changerait rien du tout parce qu’au final, c’est mon corps qui gère tout seul tout ça. Moi je ne peux qu’essayer de l’y encourager. En réalité, je sais bien que ça me déculpabilise juste de manger parfois trop et de me dire que toute façon, mon corps est un Dieu vivant qui peut gérer tout ça. Il n’empêche qu’en attendant, j’ai beau manger plus que je n’en ai réellement besoin, j’ai perdu du poids et même au niveau de mes analyses sanguines, je ne suis au-dessus dans rien. Ni le sucre, ni le sel, ni le cholestérol. Donc ouais, mon corps gère de la fougère !

Alors ouais, j’ai peut-être pas un corps super parfait partout, mais au moins, il y a une réelle harmonie entre nous et quelque part, on est en total phase et je ne l’échangerai pour rien au monde. Par contre, je peux essayer de l’améliorer… Forcément, si j’étais totalement satisfaite de ce que j’avais, ça serait moins drôle.

Bref, pour conclure sur cette journée : glandage et découverte d’une série géniale que je voulais regarder depuis longtemps : Brothers & Sisters. J’aime juste carrément cette famille. Mais la mienne est bien mieux. C’est même pas comparable.