La vie d'une Quiche

L'absence est un manque difficile à combler

Je manque à ma Maman, j’aime pas ça… Enfin, ça me fait plaisir de savoir qu’elle ne m’a pas oublié, mais ça je le savais déjà, donc bon… J’aime pas l’idée que mon absence peut la rendre triste, lui faire du mal… Parce que non seulement c’est pas bon pour elle, mais ce n’est pas bon pour le reste de la famille. Parce que ma Maman, derrière ses petits airs naïfs, gentils et souriants, elle maintient le bon déroulement de la maison d’une main de maître. C’est grâce à elle que les tensions s’annihilent, que Papa ne râle pas tant que ça et apprend en continue la patience -ouais parce que ma Maman n’est jamais ponctuelle...-, et que la joie et la bonne humeur règne à la maison. Quand Maman est de mauvaise humeur -heureusement, c’est très très rare- on le ressent tous au plus profond de nous-même. Pareil, quand elle est malade, on est tous les quatre un peu perdu. Et quand elle est triste, là, c’est la fin du monde… Maman, c’est le pilier fondamental de notre famille. Elle aide Papa a vaincre son problème de communication, son manque de confiance en lui et tout simplement à être un bon père puisqu’il n’a pas tellement eu la chance d’avoir ce modèle quand il était enfant. Et du coup, grâce à Maman, on a la chance d’avoir un super Papa.

Et du coup, le fait de savoir que Maman vit mal mon absence, ça me fait pas mal culpabiliser. Je veux dire, Maman ne me dira jamais rien. Elle me montrera toujours un visage souriant, faisant comme si ça lui suffisait de me parler par Skype deux à trois fois par semaines, mais au fond, je la connais bien ma Maman… Son message sur Facebook à 01h du mat' ne fait que confirmer ce fait… Je lui manque. Son bébé est loin d’elle et c’est difficile pour elle. Et puis, c’est aussi difficile pour moi… Plus le temps passe, plus je me rends compte que j’aurais réellement du mal à vivre loin de mes parents. Je ne m’en irais jamais bien loin… C’est pour ça que Paris me plaît autant. Une grande ville, beaucoup de gens à rencontrer et surtout, si jamais j’ai envie de rentrer chez mes parents, je n’ai qu’à sauter dans le premier train et le tour est joué.

Et puis, il faut dire que j’ai toujours eu une conception assez étrange de ma relation avec mes parents. Je ressens le devoir permanent de les protéger et de les préserver. Contre quoi ? Je ne sais pas vraiment à vrai dire… En fait, depuis toujours j’essaye de faire comme si je ne grandissais pas. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis que je suis petite, je sais que les parents "n’aiment pas" voir leurs enfants grandir. Enfin, "ne pas aimer" ne convient pas en fait. C’est surtout que c’est dur pour eux de voir le moment où l’on va voler de ses propres ailes se rapprocher de jour en jour… Alors moi, depuis que je suis petite, je fais tout pour le masquer, ne serait-ce que légèrement… C’est comme ça que, quand je n’ai plus cru au Père au Noël aux alentours de 6 ans, j’ai continué de faire comme si j’y croyais jusqu’à ce que mon petit frère - trois ans plus tard- leur dise qu’il n’y croyait plus. A partir de là, difficile de faire semblant de continuer d’y croire… Je ne voulais pas passer pour une attardée non plus… Le plus drôle dans tout ça, c’est que même si je n’y croyais plus, je continuais fermement à dire à mes frangins qu’il existait et qu’il ne fallait pas qu’ils croient leurs copains. Du coup, malgré le fait que ni mon frère ni moi n’y croyions, ma petite soeur a pu continuer d’y croire tranquillement jusqu’à ses 6 ans elle aussi. Pareil pour la petite souris… Sauf que ça, je n’y ai jamais vraiment cru… Mes pendant des années j’ai fait croire à Yo' et Sa' qu’elle existait vraiment. Parce qu’on a besoin de croire à ce genre de chose quand on est petit, je pense. Et puis, le fait d’avoir découvert que mes parents m’avaient "menti" ne m’a jamais dérangé, bien au contraire. Je trouve ça beau comme effort. Après tout, pas facile de faire des cadeaux et de n’avoir droit à aucun bisou ou "merci" vu que tout vient de la petite souris ou du Père Noël… N’empêche qu’à partie de six ans, quand j’ai compris ce qu’il en était vraiment, j’ai toujours remercié mes parents en leur disant qu’après tout, c’était grâce à eux si le Père Noël m’avait apporté mes cadeaux parce qu’ils lui avaient dit que j’étais sage…

Et puis plus tard, quand j’ai appris qu’un des frères de Maman était emprisonné pour une raison un peu bidon et qu’elle ne voulait rien nous dire - parce que ma Maman est du genre à cacher les choses graves et qu’il est vrai qu’on aurait pu mal comprendre parce qu’on était petit -, encore une fois, je n’ai pas dit que je savais. J’ai même dû expliquer à Yo' ce qu’il en était réellement quand il a apprit partiellement l’affaire et qu’il commençait à se faire des films. Je l’ai aussi dit à Sa' histoire qu’elle ne l’apprenne pas par hasard et se fasse des films elle aussi et on a réussi à ne pas dire aux parents que l’on savait aussi jusqu’à ce que Tonton J. soit libéré. D’ailleurs, on ne lui a jamais dit clairement que l’on savait. Je l’ai juste dit à Mamy M. et Tata Jojo lors de mon premier voyage à Londres et elle a dû le lui répéter - Mamy M. n’aime pas les secrets de famille...- et du coup, maintenant Maman y fait mention de temps à autre.

J’ai toujours essayé de faire croire à mes parents que je ne grandissais pas vraiment. C’est pour ça que je n’ai jamais vraiment parlé garçons avec ma Maman, faisant croire que personne ne m’intéressait même quand il y avait quelqu’un. Et jusqu’à maintenant, techniquement, Maman n’est pas au courant de mes nombreuses relations avec des garçons ces derniers temps… Elle a juste entendu parler de J., Mika et Franz et elle a pu voir Chris' de ses propres yeux - toute la famille l’a vu d’ailleurs..- mais bon, je leur ai dit que c’était juste un ami et je dirais même que ce n’est qu’une vague connaissance. Et peut-être Val' parce que je le mentionne souvent avec Sa'. D’un autre côté, ça veut aussi dire que le jour où je leur présenterai réellement un de mes copains, ça sera sûrement sérieux et du coup, le coup de vieux n’en sera que plus rude… Enfin bon, tant pis. Il est trop tard pour revenir sur ce que j’ai pu faire de toute façon.

Bref, ma Maman est une personne extraordinaire avec qui je suis très très proche. J’utiliserai bien le mot "fusionnelle" pour décrire notre relation, mais pas réellement. Je ne sais pas pourquoi, la vision d’une relation mère/fille fusionnelle me fait plus penser à ses mères-amies que l’on voit dans les émissions du genre "Tellement Vrai"... Non, ma Maman, ce n’est pas une amie. Ma Maman c’est une confidente, une épaule sur laquelle se reposer ou pleurer -même si je ne le fais que très rarement-, une oreille attentive et des bras dans lesquels un câlin est toujours le bienvenu. Et puis c’est aussi ma meilleure conseillère question vêtements, elle me soutient toujours dans mes décisions, elle m’encourage toujours, elle me taquine constamment, elle est très tactile -"Tu es mon bébé alors moi j’ai le droit de te pincer les fesses si j’ai envie"- et avec elle , il n’y a vraiment pas la moindre gêne. A côté de ça, elle est maniaque. Elle fait des sermons hypers longs que personne n’écoute jamais en entier, elle me reproche toujours d’être sur l’ordi -bon, elle a pas tort...-, elle a toujours quelque chose à nous faire faire et parfois elle a du mal à tenir ses promesses. Mais quand elle ne tient pas ses promesses, elle se rattrape toujours tellement bien qu’on ne peut pas lui en vouloir… Par contre, les gens de la famille ayant un lien indirect avec elle lui reproche souvent sa tendance à mentir, à enjôliver les choses et à cacher la vérité quelques fois. Mais tous ces gens ne la comprennent pas réellement. Maman est quelqu’un de naturellement optimiste et du coup, elle est du genre à penser que tout ira mieux. Qu’il ne faut pas s’inquiéter et pour cela, elle se débrouille pour ne pas donner de raisons aux gens de s’inquiéter. Mais parfois, elle est un poil trop optimiste. Mais il faut savoir que Maman ne fait jamais rien avec de mauvaises intentions en tête. Je dirais même que c’est la personne la plus bienveillante que je connaisse sur Terre. C’est juste qu’elle a constamment besoin de rassurer tout le monde et parfois, les gens n’aiment pas qu’on les rassure… Je tiens mon côté légèrement mythomane d’elle d’ailleurs. Mais on ne fait jamais ça avec de mauvaises intentions. C’est juste qu’on veut faire croire aux gens que les choses sont mieux qu’elles ne le sont réellement…

En fait, je ne le réalise que là tout de suite, mais ma Maman, c’est réellement mon modèle. Et plus tard, je voudrais pouvoir avoir une famille comme la notre et un mari comme Papa. Bon, on pourrait croire que je n’ai pas dépassé mon stade du complexe d’OEdipe, mais si hein… C’est juste que mon Papa est un homme extraordinaire malgré ses quelques défauts et je voudrais que, mentalement, ma future moitié lui ressemble. Physiquement, j’ai rien à lui reprocher à mon Papa non plus - à part son ventre de léger buveur de bière peut-être...-, mais là-dessus, je suis ouverte à toute proposition. Déjà que trouver le même mental ça sera dur alors je ne vais pas pousser mon exigence pour le physique…

Bref, tout ça pour dire que plus le temps passe, plus je me rends compte à quel point j’ai ma famille dans la peau… C’est bien simple, j’ai la meilleure famille de l’Univers tout entier. Rien ne pourra me faire passer cette idée.