La vie d'une Quiche

Mytho

Me replonger dans mes écrits d’il y a onze m’a rappelé à quel point je pouvais être mytho à l’époque. Je mentais à tour de bras pour donner consistance à ce que je pouvais ressentir. Je me souviens que pour la mort de Momo, j’avais conscience qu’en disant, à 13 ans, que mon cochon d’Inde était mort, personne ne comprendrait à quel point j’étais triste. Alors j’ai dit que c’était une cousine proche. Ou une amie, je ne sais plus trop, je changeais de version en fonction de mon humeur.

Pareil pour Titou, mort du sida des chats, c’était devenu un humain proche de moi. Enfin, cette fois-ci je ne mentais que sur mon blog. Pour expliquer pourquoi j’étais tellement distante avec tout le monde.

Et en seconde ou en première, je ne sais plus trop, pour justifier une absence auprès de mes forums et amis d’Internet, j’ai carrément inventé la mort d’une amie, morte d’une leucémie. Comme ça, personne ne pouvait m’en vouloir de ne pas avoir donné signe de vie pendant des mois, disparaissant du jour au lendemain comme je sais si bien le faire.

Et quelques mois après quand réellement une cousine est morte de sa drépanocytose, je me suis vaguement dit que j’avais cherché quand même…

Suite à ça, j’ai quand même arrêté d’inventer des morts à tour de bras, j’ai expliqué aux gens, qu’en hiver, je prenais mes distances parce que j’étais un ours et que j’avais besoin d’hiberner un peu. Un pas vers la vérité.

Mais en réalité, je pense sincèrement être une menteuse pathologique, c’est pour ça que je tiens tellement à ce que tout ce qui soit ici soit vrai. Enfin, vrai pour moi, parce que je ne peux pas me targuer de détenir la vérité, mais bref, je veux au moins être franche avec moi-même. Je ne veux pas revenir un jour ici et douter de ce que j’ai pu écrire.

Tout ça pour dire, que j’ai un peu trop pris le pli de Maman, je mens pour ne pas vexer les gens. Je mens parce que j’ai la flemme de rétablir la vérité. Genre, exemple tout con, vendredi dernier je disais à IG et Cloche, que, peut-être, je resterais chez mes parents pour faire du télétravail lundi. Finalement non, mais quand IG m’a demandé si j’étais chez mes parents, j’ai dit que oui, que mon père m’avait fait mon petit-déj (genre...) et que ma mère profitait bien de sa petite-fille pendant ce temps. Et pendant que j’écrivais tout ça, je me suis dit "Mais pourquoi tu ne lui réponds pas juste "Non, finalement, je suis rentrée chez moi."?" J’sais pas, elle en a rien à foutre IG que je sois ou non chez mes parents…

Ah si, comme je devais faire un boulot qu’en général, les cheffes ne sont pas trop chaudes pour qu’on fasse à distance, j’me suis dit "Là au moins, si je suis chez mes parents, pas moyen qu’on me demande de venir sur site en urgence, je suis trop loin." En fait, c’est pour ça que je mens la plupart du temps : je me fais des scenarii catastrophes dans lesquels on veut me forcer à faire des trucs que je ne veux pas faire, donc j’anticipe pour me trouver une excuse.

Typiquement ce que je fais quand je sens qu’on va me parler d’heures sup' les samedis, je m’invente un weekend en Normandie, ou chez ma soeur, ou chez n’importe qui vivant ultra loin, avec un engagement de longue date sur lequel je ne peux pas revenir.

En fait, je mens pour ne pas avoir à dire "Non, je n’ai pas envie." Ça je ne peux le dire qu’à mes 5 fantastiques : Papa, Maman, Sa', Yo' et bien sûr, le Chéri. Et encore, avec lui, j’essaie de mettre les formes selon son humeur sinon, je le connais, il va se vexer…

Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. Ça doit m’importer que les gens m’apprécient en fait. Me fasse confiance. Ouais, je mens pour qu’on me fasse confiance. On est d’accord, c’est la pire stratégie du monde… Mais en même temps, ce sont des gens dont la confiance m’importe peu. Le but, c’est juste d’accumuler un maximum de capital confiance. Comme ça les gens se confient à moi. J’adore ça. Entendre les gens se confier. Baisser leurs barrières pour me parler. Après, je ne fais rien de ces informations. Je ne suis pas une connasse finie non plus. Je suis une oreille attentive. C’est juste que si les gens savaient à quel point je peux les mépriser par moment, ils ne se confieraient certainement pas…

Mais du coup, je me demande ce que ça m’apporte de savoir tout ça. Pourquoi je veux connaître tous les détails de la vie d’une personne qui ne m’inspire rien ? Pourquoi ça m’importe tellement ? Peut-être parce que, quelque part, je me nourris de tout ça. Tous ces secrets, tous ces potins, tous ces murmures, se gravent en moi et remplissent un peu plus mon imaginaire. Quand les gens me parlent, j’imagine toute la scène, j’imagine les sensations, les visages, l’ambiance, les tensions. Tout. Comme quand je lis un livre. Les autres sont des livres pour moi. Mais pour parvenir à extirper ses confessions, je dois gagner leur confiance. Et pour gagner leur confiance, je dois mentir. C’est tellement plus rapide que la sincérité. Dire ce que les gens veulent entendre, je suis pas mal douée pour ça. Quand je me donne la peine…

J’étais pas mal douée pour ça. Maintenant, j’avoue avoir la flemme. Peut-être parce que LB et IG balancent toute leur vie sans que j’ai à machiner… Je sais pas trop. Ou alors peut-être que tout ça m’ennuie… En réalité, je pense que c’est surtout parce que je n’ai rencontré personne qui attise ma curiosité depuis un moment. Ou j’ai moins le temps d’être curieuse. Ou mon imaginaire est assez enrichi pour le moment, je dois le déverser un peu avant de pouvoir l’alimenter de nouveau.

Il faudrait que je reprenne l’écriture. La vraie. Pas pour déverser mes états d’âme et d’esprit, ça c’est trop facile. L’introspection n’est même pas un véritable travail pour moi, je le fais constamment, donc ce n’est pas marrant. Et puis je suis en phase avec moi-même depuis un moment maintenant. C’est vrai que depuis la naissance du Ptit Hippo, je n’ai plus eu de moments de doute, sur quoique ce soit… Bon, le travail, ça ne compte pas tellement parce que j’ai bien établi avec moi-même, que ça, c’est un paramètre qui ne changera pas avant de nombreuses années. Il est pratique.

Sinon, 4ème test que je fais, toujours négatif. Je commence à me dire que j’invente tous les signes. Pourtant je me lève la nuit pour aller aux toilettes. En temps normal ça ne m’arrive pas. Surtout quand je ne bois plus après 16h30… D’un autre côté, des tests négatifs à DPO18, c’est que ça doit être négatif vraiment. Dans le doute, je ne boirai quand même pas d’alcool ce weekend. On ne sait jamais…