La vie d'une Quiche

Retour à l'imaginaire

Je crois que Kev', au même titre que Felon, va devenir un élément important dans mon travail sur moi-même. Dans ma découverte de ma personne et de tous les complexes dont je suis consciente, mais que je m’évertue de taire en pensant qu’ainsi, ils disparaîtront d’eux même.

Hier soir j’ai parlé plus de sept heures avec lui en vocal avant qu’on ne finisse par s’endormir lamentablement comme lundi soir -enfin, plutôt mardi matin très tôt...- et c’est fou les sujets qu’on a pu abordés. Il m’a fait réaliser beaucoup de choses sur moi-même. Je savais la plupart des choses, soit parce que j’y avais déjà pensé ou soit parce que Felon m’avait aussi fait la remarque, mais ce qui était intéressant, c’était d’avoir un nouveau point de vue sur la question. Et Kev' est extraordinairement bon pour capter ma psychologie. Comme Felon, mais il aborde le "problème" sur un angle différent.

Comme on écrit tous les deux un peu dans notre coin, il a eu l’idée de faire une histoire comme ça, à la manière d’un rp, en totale impro, mais par vocal. Donc forcément, ça m’a totalement bloqué. Je ne raconte pas d’histoire à l’oral. Je suis nulle pour ça. En réalité, je ne suis pas vraiment nulle, c’est juste que je me mets une pression inutile et du coup j’ai un tas de tics de langages. Je passe mon temps à m’interrompre parce que j’ai besoin qu’on me rassure sur le fait que je ne raconte pas n’importe quoi. Si on me pose des questions, il y a échange donc ça ne me dérange pas de parler, mais dans le cas contraire, je bloque totalement. Du coup, on a pas pu le faire et maintenant, il s’est mit en tête que je doive me "débloquer" à ce niveau et que le jour où je parviendrais à lui raconter une histoire, j’irais déjà mieux. Quelque part, il ne doit pas avoir tort, mais c’est juste que quand on me dit, comme ça, "Invente quelque chose", si normalement mon cerveau est une machine à histoires en tout genre, là il se stoppe complètement et c’est le vide intersidéral dans ma tête.

Donc aujourd’hui, pour amener les choses en douceur, il m’a dit d’écrire quelque chose à propos de mon déménagement -celui de quand j’avais 9 ans- et que je devrais lui lire ça ce soir. Et en échange lui doit me raconter son plus ancien souvenir.

C’est marrant, mais du coup, en écrivant sur ce déménagement, j’ai réalisé certaines choses qui ne m’avait traversé l’esprit que fugacement jusque là. Comme quoi, je devrais réellement prendre plus le temps de réécrire mes souvenirs… Avec le recul, je suis sûre que j’apprendrais un tas de choses sur moi que je n’ai pas encore consciemment réalisées jusqu’à présent…

Enfin bref, comme je veux garder une trace de ce que j’ai pu écrire et que je vais bientôt changer d’ordi, c’est plus simple de mettre le texte ici.

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Le déménagement.

Le déménagement fut comme un nouveau départ. Un nouvel espace, une nouvelle maison et un nouveau mode de vie. J’avais enfin le pourvoir de devenir celle que je voulais. Ici, personne ne me connaissait. Tout était à créer.
Un départ dont je me serais finalement bien passée… Parce qu’après l’excitation due à la nouveauté, au changement et le fantasme d’avoir la possibilité de tout reprendre à zéro, la réalité m’a bien vite rattrapée.

Il est difficile de comprendre à quel point il est compliqué de tout recommencer quand on ne sait même plus qui on est. Je voulais du changement, mais là, il y en avait juste trop à mon goût. Le déménagement, les lunettes que je venais d’avoir et je rentrais peu à peu dans une période que je n’aimais pas, la préadolescence...Vous savez, ce moment où votre corps change et que vous ne vous reconnaissez plus…

Alors peu à peu, le déménagement que j’avais d’abord vu comme une bénédiction s’est rapidement transformé en un fardeau que j’avais bien du mal à porté. Finalement, mes amis d’avant me manquaient et je n’arrivais pas à me sentir vraiment intégrée dans ce nouveau milieu. Je faisais comme si tout allait bien, comme si je ne me sentais pas horriblement seule, mais la vérité, c’est que je me sentais à part. Je me retrouvais dans une école où tous se connaissaient depuis toujours et moi, j’étais la petite nouvelle. Celle qu’on aimait bien, mais qui ne parlait pas suffisamment pour qu’on s’intéresse véritablement à elle. Celle qui était aimable avec tous, mais dont personne ne savait rien. Celle qui passait les récrés enfermée dans la classe à griffonner sur des feuilles au lieu d’aller jouer dehors avec les autres. Celle avec qui on essayait de communiquer, mais qui passait son temps à repousser tout le monde gentiment.

Et à un moment, ils ont arrêté d’essayer et je me suis encore plus enfermée sur moi-même, totalement perdue dans un monde imaginaire que je m’évertuais de créer ligne après ligne.

Ce déménagement aura au moins eu le mérite de m’entrouvrir plus largement les portes de l’imaginaire. Mon seul défaut fut de m’y jeter corps et âme au risque de perdre pied avec le monde réel.