La vie d'une Quiche

Revenons-en à hier...

Ce matin -bon, je viens juste de me réveiller là en fait...- je me suis réveillée et après mon état totalement euphorique d’hier, la dure réalité s’est fait sentir. Nan parce que je suis toute courbaturée en fait, sur le plan mental, tout va toujours aussi bien. Enfin, je suis pas courbaturée parce qu’on a couché ensemble, juste que la séance de bisous/câlins a été légèrement passionnée du coup, ça laisse des traces. J’ai dû me froisser un muscle à la cuisse droite -le gluteus maximus sûrement- et ça fait super mal. Je peux plus soulever ma jambe sans ressentir une terrible douleur… Okay, je suis juste une chochotte. Et hier j’ai mis les bottes que mes parents m’avaient acheté avant que je parte en Angleterre et elles sont définitivement trop petites… Pourtant, c’est du 41… Mwarf, j’ai des pieds de géant, faut que je fasse comme les chinoises dans les rumeurs européennes et que je mette des chaussures trop petites pour moi. Enfin, c’est sûrement trop tard maintenant. Et ça ne me ferait avoir que plus d’ampoules… Et sincèrement, celles que j’ai présentement me suffisent amplement. D’un autre côté, en matière de chaussure j’avais le choix entre mes bottes, mes Reebooks toutes crades ou des bottines à talons. Et connaissant ma résistance totalement inexistante quand je porte des talons, mieux valait éviter.

Enfin bref, j’ai encore une fois réussi à faire un paragraphe sur un truc qui ne m’intéresse carrément pas… Donc pour en revenir à hier, je suis sortie à 15h38 de la maison après être restée une heure et demie dans la salle de bain. Et je portais donc un collant noir, un short marron, un pull tunique manche courte gris, mes bottes grises et mon manteau genre duffle-coat gris lui aussi. Et ça m’allait plutôt bien. D’autant plus que j’ai réellement mincie en fin de compte donc j’étais plutôt fière du rendu. Le seul truc dommage, c’est que comme je venais de faire mon shampoing, je ne pouvais pas détacher mes cheveux… Je sais pas, j’ai toujours trouvé ça dommage que les filles attachent leur cheveux. C’est tellement mieux quand ils sont détachés… Enfin bref, mes cheveux quand ils sont mouillés, tenter de les laisser détacher, c’est tout bonnement un suicide d’apparence. Autant la pluie arrive à les rendre encore plus mieux - ça se dit pas et je m’en fiche-, autant l’eau de la douche et le shampoing donne un rendu épouvantable.

Donc vers 16h j’arrive sous l’espèce de passage souterrain où il y a toujours une chanteuse indépendante. Et depuis que je suis ici, je la croise tous les weekends donc je lui souris, à défaut de pouvoir lui donner de l’argent, et je dois bien avouer que plusieurs fois j’ai pensé à m’arrêter pour lui demander si elle ne vendait pas de CDs parce que j’adore ses musiques. Et là, elle était en pleine discussion avec un jeune -d’environ 22 ans je pense-, l’air timide, grand, les cheveux longs attachés en catogan. Et elle me fait signe de venir vers moi et baragouine un truc en anglais que je ne comprends absolument pas. Je savais juste que ça concernait le gars et moi. Je lui dis donc que je suis française et que j’ai pas tout compris et donc elle reprend dans un français un peu incorrect mais compréhensible qu’elle trouvait qu’on était tous les deux complémentaires, qu’on irait bien ensemble et qu’il devait m’inviter à boire un coup. Bah tiens, maintenant des filles me draguent pour des gars… Etrange pays. Enfin, même si le type avait l’air très sympathique, j’ai dû décliner parce que j’étais attendue autre part et j’étais déjà en retard. Elle m’a laissé un papier avec son nom sur Youtube et il faut vraiment que j’aille y jeter un coup d’oeil, dès que j’aurais moins la flemme de me lever pour aller chercher ce foutu bout de papier dans mon sac à l’autre bout de la pièce…

Donc après ça je me suis bougée les fesses pour aller m’acheter du crédit -parce que ça va faire deux semaines que je suis totalement à sec- histoire de pouvoir joindre Joao en cas de besoin. D’ailleurs il m’avait envoyé un sms entre temps pour savoir si j’étais déjà dans le train ou pas et je lui ai dit que j’étais sur le chemin de la gare.

A la gare j’ai acheté mon billet aller-retour parce que je me suis dit que si je rentrais tard dans la soirée, il n’y aurait sûrement plus personne aux guichets pour acheter mon billet et je préfère ne pas utiliser ma CB. J’ai réussi à trouver le quai sans problème et je me suis assise en attendant que le train arrive et là, j’ai commencé à stresser un petit peu. Et si on n’avait rien à se dire ? Et si j’étais totalement incapable d’aligner trois mots ? Et si finalement je ne l’intéressais plus vraiment ? Et si… A un moment je me suis dit de me calmer, que tout se passerait bien, que ce n’était pas la première fois que je faisais ça et que cette fois, le seul paramètre qui changeait, c’était qu’on ne parlait pas vraiment la même langue, mais qu’il n’y avait pas de raison pour que ça se passe mal. Après tout, tout le monde me dit que le seul truc dont j’ai réellement besoin pour parler bien anglais, c’est la pratique. Donc il faut bien que je me lance à un moment donné.

Vingt minutes plus tard j’arrive à Londres Euston. Je reçois en même temps un sms de Joao me disant qu’il m’attend près de la pharmacy -les pharmacy c’est une sorte de Dia ici en fait, du coup ça me fait toujours bizarre- et je le trouve sans problème cinq minutes plus tard. Il est très légèrement plus grand que moi, les yeux marrons et il est plus mignon que ce à quoi je m’attendais. Donc je suis agréablement surprise. J’ai déjà oublié de quoi on a parlé sur le coup, mais ce qui est cool avec lui et ce que je constaterai plus tard dans la soirée, c’est qu’il n’y a pas de blancs. Ou alors, que des blancs où l’on sent qu’il n’y a rien à dire de toute façon.

Il m’a donc aidé à acheter mon billet de métro - même si je sais le faire toute seule, je l’ai laisser faire, après tout, moi ça m’arrange toujours de ne pas avoir à parler aux gens- et ensuite on a pris le métro pour Old Street. On a marché un petit peu en parlant de tout et de rien. De mes cours au college. De mon arrivée ici. De son arrivée à lui. De nos familles. Des anglais et leurs habitudes parfois étranges. Du fait qu’il faisait sombre trop tôt. Bref, on a parlé. Et même si je sais que mon anglais était loin d’être parfait, j’ai au moins réussi à me faire comprendre, et ça c’est cool. Et puis je comprenais aussi ce qu’il me disait -un peu près en tout cas- donc c’est cool aussi. Après dix minutes, on est rentré dans un pub, le Vibe Bar il me semble et il m’a payé une bière. Et franchement, c’est encore plus dur de parler anglais quand on commence à être joyeuse… Et il m’a dit qu’il aimait beaucoup mes tâches de rousseur. C’est marrant que ce truc plaise autant… J’adore mes tâches de rousseur, certes, mais de là à ce que ça fasse totalement craquer des gens, je trouve ça bizarre. Bref, à ce moment, si j’avais encore des doutes sur le fait que je lui plaisais, je ne pouvais plus en avoir. En même temps, comme je dis toujours, sur Badoo, les gens qui te parlent son forcément intéressés par toi, donc ce n’était pas une grande surprise.
Après ça le fourbe ne s’est pas arrêté à la bièreet m’a payé un Vodka/Redbull quand j’étais enfin venue à bout de ma bière. Et c’est super bon en fait. Il a tenté de me proposer un troisième verrre entre une discussion sur nos animaux de compagnie et nos études, mais j’ai dû lui expliquer que si je buvais un verre de plus, je ne pourrais plus marcher. On est donc sorti prendre l’air. Il m’a demandé si j’avais faim, mais sincèrement, quand je bois, je n’ai jamais faim…

Du coup on est allé dans un autre bar parce que Monsieur avait froid, mais il a pris une bière tout seul parce que je pouvais vraiment pas boire plus. Et là, il a vraiment commencé à me draguer. Enfin, pas vraiment, mais c’est juste qu’il a usé des techniques que tous les mecs utilisent du genre :"Ton copain a dû être vraiment triste quand tu l’as laissé pour venir ici". Ensuite une fois que tu expliques que tu n’avais pas de copains en France on te sert du :"Réellement ? ! Mais comment ça se fait qu’une fille comme toi n’ai pas de copain ? Les français sont aveugles ou quoi ?". Là tu expliques que tu es un peu timide donc voilà… Et souvent le gars te dit que lui aussi est timide et que, d’accord, il a déjà eu des copines, mais pas beaucoup. Et puis avec la dernière ça s’est terminé parce qu’elle vivait trop loin, mais que toi, tu vis pas trop loin donc c’est mieux. Enfin bref, c’est marrant de voir que les techniques pour draguer une fille sont carrément similaires, au moins en Europe occidentale. N’empêche qu’après ça, il est aussi devenu un peu plus tactile. Une main subtile sur la taille pour te faire avancer dans la bonne direction, toucher mon bras et me demander comment je faisais pour ne pas être froide -ouais parce qu’en sortant du deuxième bar, j’avais abandonné l’idée de garder mon manteau parce que quand j’ai bu, je n’ai jamais froid ou faim, c’est un fait- et pour rentrer un peu dans son jeu je lui prenais la main pour lui montrer que malgré tout mes mains étaient froides. Enfin bref…

Après il a insisté pour qu’on mange au moins un petit truc, mais voyant qu’il commençait à compter sa monnaie discrètement, j’ai compris qu’il devait commencer à être en manque d’argent et donc je lui ai fourré un billet de 5£ dans les mains. Après tout, je pouvais bien participer un peu. En général, j’insiste toujours pour payer ma part, donc bon, ça me semblait normal. Et j’ai refusé de reprendre la monnaie après qu’il ai pris son Bagel Saumon/Fromage et moi mon muffin au chocolat -j’adore les muffin… Du coup il a insisté pour me repayer un truc à boire. Et comme il a payé par CB faute de monnaie, on a été obligé de prendre un cocktail et un shooter. Et finalement, tout est passé mieux que je le pensais. A croire que le muffin à lui tout seul a réussi à stopper les effets de l’alcool. Surprenant. Ou alors, je tiens mieux l’alcool que ce que je pense.

Bon, le truc, c’est qu’après ça, Joao avait plus beaucoup d’argent et j’avais pris que le strict minimum donc il m’a demandé si je préférais qu’on discute dans la gare ou alors on pouvait aller chez son oncle -il vit chez son oncle et sa tante- parce que comme il ne répondait pas au téléphone, il devait être sorti. Et comme je suis une grosse squatteuse et que surtout j’aime trop faire plaisir aux gens quand ça ne me demande pas trop d’effort, j’ai accepté qu’on aille chez lui. Après tout, il n’était que 21h donc on avait le temps. Finalement, chez lui, il y avait sa tante. Ca l’a un peu dérangé, parce qu’il ne pourrait pas me servir de verre. Bah tiens, comme si j’avais réellement besoin de boire plus… Il a mit un film, et pour être franche, on a pas dû en regarder plus de cinq minutes… Parce que les acteurs échangeaient à peine leur première réplique qu’il me sortait déjà un "Je peux te demander quelque chose ? Est-ce que je peux t’embrasser ?". Me connaissant, j’ai dû sortir un truc ridicule du genre "Si tu veux" et rapprocher sans plus attendre nos lèvres. Et il embrasse vraiment bien. Vraiment. Bon, je nous ai un peu frustré aussi, mais je tenais vraiment à ne rien faire. Parce que voilà.

En tout cas, c’était juste vraiment bon. Après trois mois, pouvoir enfin toucher et se faire toucher de cette manière, c’était tout simplement euphorisant. Et puis je sais pas, il y a eu ces petits regards qui m’ont tout simplement fait vibrer. Ca a juste été génial avec lui. Je serais bien restée toute la nuit contre lui, mais à 23h, il a fallu se rhabiller -ouais, on avait perdu quelques vêtements en cours de route-, remettre la main sur ses clés et sortir dans le froid pour aller à la gare.

Et on est arrivé trop rapidement à la gare, devant mon train. Sincèrement, j’avais pas envie de le quitter déjà. Et jusqu’à ce que je monte dans le train, il m’a demandé si j’étais sûre que je ne voulais pas qu’il vienne avec moi, parce que mon histoire de "ma famille ne veut pas que je rentre trop tard parce qu’il y a des gens bizarres près de la gare" ne lui inspirait pas confiance. Ce sur quoi je lui ai dit que j’étais sûre qu’il ne pouvait pas venir parce que d’une, il n’avait plus d’argent. Il était fatigué et il allait devoir se farcir un aller-retour plus que pénible. Donc il a finit par laisser tomber cette idée et m’a fait promettre de lui envoyer un sms quand je serais arrivée et que je devais l’appeler si j’avais le moindre problème ou si j’en avais envie. J’ai dû avoir un sourire un peu railleur à ce moment parce qu’il m’a dit qu’il se comportait peut-être un peu trop comme un père à s’inquiéter comme ça. Finalement il était temps pour moi de monter dans le train et il m’a attiré vers lui pour m’embrasser et me rappeler que je devais lui envoyer un sms quand je rentrerai. J’ai souri un peu bêtement et je suis montée dans le train sans perdre mon sourire stupide.

Le train est parti à 00h15, mais il n’était pas direct et en plus il y a eu des problèmes en chemin donc quand je suis arrivée à Watford, il était 00h55… Et comme j’avais dormi dans le train, j’avais complètement froid, mes pieds me faisaient hyper mal et j’avais qu’une envie, être dans mon lit. Donc j’ai speedé. Je ne me suis pas retournée quand un mec un peu bourré -je pense- m’a sorti un "I love you". J’ai croisé deux renards en cours de route et quinze minutes plus tard, j’étais dans ma chambre à essayer de soigner comme je pouvais mes ampoules. J’ai donc envoyé un sms à Joao pour lui dire que j’étais bien arrivée et le remercier de la soirée et il m’a tout de suite répondu en disant qu’il était content que je sois bien rentrée, qu’il était heureux de m’avoir rencontré, qu’il espérait me parler bientôt et de bien profiter de mon week end.

Après ça, j’ai regardé un épisode d’Esprit Criminel et j’ai eu du mal à m’endormir parce que j’avais trop froid. Mais malgré tout, je flottais toujours sur mon petit nuage.

Bref, sincèrement, hier a été la meilleure journée depuis que je suis ici. Sans le moindre doute.