Bon, je ne lui ai pas encore souhaité, mais j’ai demandé à Sarah qu’ils m’appellent vers 17h -de chez eux- pour que je puisse le lui dire directement. Qu’elle ne pense pas que j’ai oublié. Ce qui est marrant, c’est que j’avais complètement zappé jusqu’à hier matin où ça m’a pris brusquement. Et bizarrement, ça tombe aujourd’hui… L’inconscient est une chose magnifique. Vraiment. Je m’en serais tellement voulu d’oublier ça.

En fait, ce n’est pas tellement important comme fête. Juste une autre fête commerciale si on y réfléchit bien, mais je trouve ça quand même important, ne serait-ce que de le dire. Pourquoi ? Parce qu’on nous apprend à souhaiter la fête des Mères dès notre entrée à l’école et que les Mamans, même si elles n’apprécient pas plus que ça les colliers en pâtes et les fleurs en pot déjà à moitiés desséchées et tordues, sont touchées par ces gestes. Parce que c’est dur d’être une maman. Vraiment très dur. Et la fête des Mères, ça leur permet en quelque sorte d’être rassurée sur le rôle qu’elle joue. Un "Bonne fête Maman" sonne comme un "Merci Maman pour tout ce que tu fais pour moi chaque joue sans recevoir la moindre contrepartie de ma part". C’est une minuscule preuve qu’elles ne font pas ça pour rien. Que même si on ne leur dit pas chaque jour à quel point on les aime et à quel point on est reconnaissant de tout ce qu’elle font pour nous, au moins une fois par an, on y pense et on la remercie pour ça.

Et en grandissant, cette fête prend -quelque part- un pouvoir symbolique encore plus important parce que les mamans, quand on grandit, se sentent de plus en plus inutiles et délaissées. Et voir qu’on n’oublie pas cette fête, ça leur met juste du baume au coeur. Elles ont l’impression de ne pas avoir fait tous les sacrifices qu’elles ont eu à faire pour nous en vain et elles comprennent à quel point elles sont importantes pour nous. Juste avec une simple phrase. Une Maman, ça a un pouvoir de déduction immense pour comprendre tout ce qu’on n’arrive pas à dire.

Bien évidemment, ayant la meilleure maman au monde, je lui dis assez souvent que je l’aime, mais je ne la remercie pas assez pour tout ce qu’elle fait pour moi, parce que, dans un point de vue assez égoïste je dois le reconnaître, ça me semble normal qu’elle le fasse. Seulement, quand je vois d’autres mères agir, je me dis que ma maman n’est obligée en rien de faire tout ce qu’elle fait et que ça n’a rien de naturelle alors au moins une fois par an, je prends le temps de la remercier pour tout ce qu’elle a pu faire pour moi. Pour tout ce qu’elle a fait qui m’a permis de devenir ce que je suis maintenant. Et même si je sais qu’elle le sait déjà, ça fait toujours du bien de se l’entendre dire.

C’est marrant, mais sans être maman, j’ai l’impression de comprendre exactement ce qu’elle ressent et ce que moi-même je ressentirais quand je serais mère à mon tour -Inch’Allah- et peut-être que je me trompe, je ne sais pas, mais j’ai l’impression que c’est ce qu’on ressent quand on est mère.

Alors, je n’imagine même pas à quel point une mère qui ne reçoit pas son "Bonne fête des Mères" doit être dévastée. Ca doit être terrible de se rendre compte que son enfant ne nous aime pas suffisamment pour penser à nous dire ces quelques mots. Parce qu’au final, ce n’est peut-être qu’une simple date, une simple fête commerciale, mais elle a le mérite d’être rabâchée toute la semaine avant la date fatidique alors voir que son -ou ses- enfant(s) n’a pas pris la peine de s’en souvenir, ça doit faire mal. Parce qu’un enfant qui aime véritablement sa mère fera tout pour s’en souvenir. Sinon, c’est qu’on ne l’aime pas tant que ça… Et le fait d’être occupé n’est pas une excuse. Loin de là. Quoiqu’il en soit, aussi bête que ça soit, je pense que si mon -mes- enfant(s) oubliaient un jour de me souhaiter ma fête -ou mon anniversaire-, je serais profondément blessée. Et je penserais que j’ai échoué en tant que mère… Bref, rien de très agréable. C’est pour ça que je ferais tout pour que Maman n’est jamais à ressentir ça. Surtout qu’elle est réellement la meilleure mère de l’univers. J’ai juste une chance infinie d’être tombée avec ces deux parents extraordinaires qui m’ont donné deux frangins tout aussi extraordinaires et une vie absolument géniale. Finalement, je pensais que j’avais une vie banale, mais ma famille et ma vie ne sont en rien banales. Elles sont juste tranquilles et lumineuses. C’est loin d’être banal en y regardant de plus près.