Étrange, mais agréable
C’est marrant comme le bonheur peut lui aussi devenir routinier. On se lève chaque matin, on est fatigué, pas forcément très motivé, on a même parfois envie de se recoucher, mais c’est tout. C’est plus la fatigue qui veut nous faire rester dans le lit. Pas la tristesse, pas l’angoisse, juste la fatigue…
Et c’est étrange. J’ai jamais été quelqu’un de vraiment malheureux. Enfin, rien dans ma vie n’a jamais été vraiment triste. Certes, il y a eu des morts, des moments de doutes, mais c’est tout. C’était plus du ressenti que du vécu. Concrètement, je n’ai vécu aucune expérience traumatisante. J’ai même jamais eu vraiment besoin d’aller voir un psy, ce qui, à l’heure actuelle, me semble être quelque hors du commun.
J’ai jamais été vraiment malheureuse, mais j’avais toujours de quoi me plaindre. Absolument toujours. Il y avait toujours un truc qui clochait. Je n’étais pas assez ceci ou trop cela. Que ça soit objectif ou non, je m’en foutais. C’était juste comme ça que je ressentais les choses.
Mais depuis cet été, je vais bien. Mais genre vraiment bien. C’en est presque inquiétant… C’est comme si j’étais incapable de faire preuve d’empathie pour les autres et que je me satisfaisais uniquement de ma propre existence… Parce que c’est vrai qu’à partir de juillet, il s’est passé des choses. Pas vraiment pour moi personnellement, mais pour des gens autour de moi. Enfin, surtout mon oncle en fait… Le petit frère de mon papa. Il a faillit y passer. Jusqu’à décembre on était pas sûr qu’il s’en sorte, mais moi, sans m’en foutre complètement, je me disais que c’était de sa faute. La seule chose qui, à la limite, me faisait de la peine, c’était que ça rendait mon Papa triste. Mais c’était tout.
De toute façon, je crois que j’ai du mal à compatir pour les gens qui fument et qui tombent gravement malade à cause de ça. Ils ont juste à arrêter. C’est facile d’arrêter. Il suffit de ne plus faire quelque chose. Et c’est facile de ne plus faire quelque chose. Ce qui est dur, c’est de commencer à faire quelque chose. C’est peut-être pour ça que j’ai peut-être un peu plus d’empathie pour les gens qui n’arrivent pas à se mettre au sport… Bon, il faut aussi dire que je suis directement concernée, ça doit aider…
En tout cas, une chose est sûre, j’espère que Gwen ne tombera jamais malade à cause de la cigarette. Il n’a toujours pas réussi à arrêter, mais si on commence à vivre ensemble, il n’aura pas le choix, sinon je disparais, tout simplement. J’ai beau l’aimer comme je n’ai jamais aimé, si jamais il continue, il tombe malade et il meurt, je n’arriverai plus jamais à être heureuse et ça, il n’en est pas question. Le bonheur, même si on finit par s’y habituer et que ça devient routinier, ça reste quelque chose de bon. Et je ne suis pas prête à m’en défaire. Bref, le mieux serait qu’il arrête, comme ça, tout ira bien.
Et pour revenir à cette fameuse année 2015, pour moi, elle reste la meilleure que j’ai vécu jusqu’à présent. Malgré la situation avec mon tonton ou les attentats. Sincèrement, je ne dirai pas que je m’en fiche de tout ça, mais ce n’est pas suffisant pour faire de cette année une mauvaise année. 2015 a été pour moi l’année où j’ai réussi tout ce que j’ai entrepris. Sans exception, alors forcément, je l’aime.
En fait, tout ça c’était pour dire que dimanche soir, j’avais envie de pleurer. J’ai des soirs comme ça où c’est une nécessité. Mais j’ai pas réussi. Parce que je n’avais aucun truc qui me rendait triste… J’ai été obligée de repenser à Momo, Titou et Mélissa pour pleurer. Ca va bientôt faire dix ans que Momo est mort, sept pour Titou et six pour Mélissa. La dernière fois que j’ai vraiment été triste pour une bonne raison remonte à six ans. C’est énorme. En fait, la seule chose qui me manquait, c’était Gwen. Mais depuis que Gwen a débarqué dans ma vie, j’ai plus eu de raison valable d’être triste. Je n’étais plus seule.
Ca fait maintenant un an, deux mois et quatre jours que je suis heureuse grâce à lui.