Faculté inutile
Parfois, je m’impressionne par les incohérences complètes de mon caractère. Comment peut-on être à la fois perfectionniste et tout faire au dernier moment ? Ou encore, comment peut-on être en même temps une fayote totale et ne pas supporter la hiérarchie ? Ou bien comment peut-on avoir une image de fille bosseuse et sérieuse alors qu’on en glande pas une ? C’est dingue ça quand même. Quand je réfléchis vraiment à ce que je suis, je me dis que je suis l’un des êtres vivants les plus détestables au monde. Je suis un peu comme un moustique. Ou une mouche. Je ne sais pas trop, mais en tout cas, je suis quelque chose de nuisible. Et étrangement, j’adore ça !
J’aime me dire que je ne sers à rien. J’aime qu’on me dise que je ne sers à rien. Parce que je pars d’une réflexion simple : on apprécie les choses utiles pas pour ce qu’elles sont, mais pour ce qu’elles nous apportent. Alors je me dis que si on m’apprécie moi, chose inutile au possible, ça veut dire qu’on ne me côtoie pas par intérêt, mais parce qu’on en a envie. Parce qu’on recherche ma présence, malgré tous les inconvénients que cela peut apporter. Et ça, c’est beaucoup plus flatteur. D’ailleurs, là, j’ai la désagréable impression de réécrire quelque chose que j’ai déjà écrit ya quelques années. J’aime pas ça.
Bref, en tout cas, c’est quand même plutôt pratique de passer pour une bosseuse aux yeux de tous alors qu’en vrai, je ne fous rien. Mais vraiment rien. C’est dingue… Bon, à la CAF je bossais pour de vrai et sérieusement. Mais je n’avais pas le choix. Et puis je trouvais ça surtout plus distrayant qu’autre chose. Ce n’était même pas du vrai travail à mes yeux. Plus une sorte d’investigation… Peut-être que j’aurais dû être journaliste en fait… Mouais, ou pas. Trop la flemme de parler aux gens. Je suis plus du genre investigatrice à fouiller dans des dossiers papiers ou virtuels moi. J’aime pas parler aux gens. Je sais que les gens ont plein de choses à m’apprendre, mais j’ai l’impression qu’ils ont en trop conscience et du coup ils prennent un ton suffisant comme Tonton Ab… Des fois, je me dis que je suis vraiment ingrate comme fille. Le gars, il m’héberge gentiment et gratuitement en ne me demandant rien en échange et moi je trouve quand même le moyen de lui reprocher des trucs… D’un autre côté, il le devait à ma mère donc bon…
N’empêche que ça me gave quand même de devoir faire la cuisine pour tout le monde ce soir… A la base j’avais prévu de ne pas manger moi… M’enfin, au moins, la semaine prochaine, je ne les vois que dimanche soir, tout le reste je suis chez Papa Maman. Vive la Révolution française !