La vie d'une Quiche

Fuite en avant

Le temps passe pas assez vite à mon goût. Je veux être au moment où le Chéri et moi on habite déjà ensemble. C’est vrai, tout le temps qui va passer jusqu’à cet instant, c’est perdu, inutile, lent, long, blasant, lassant, ennuyeux, débile et inintéressant. Et puis au moins un avantage, je ne regretterai pas cette période où je partageais ma chambre avec ma cousine de 5 ans… Clairement pas. Certes, c’est "pratique" dans le sens où ça ne coûte pas cher et je ne suis pas toute seule. Mais c’est tout. Je regrette bien plus les deux années précédentes, quand j’étais chez Mamy M. Là ouais, je pourrais y penser avec nostalgie. En fait, tout ce qui me manquerait pour penser à cette période avec nostalgie, c’est une chambre à moi. J’aime pas partager ma chambre. Sauf avec le Chéri. Bien entendu, c’est évident. Ou à la limite avec Sa' parce qu’elle fait sa vie de son côté et je fais la mienne du mien. Et quand on a un truc à se dire, on se le dit, mais naturellement, on n’entend pas ce que l’autre raconte. Et ça c’est cool. Quand je dors dans la chambre de Noty, faut que je fasse gaffe à ce que je dis parce qu’à 5 ans, ça entend tout et ça retient tout… Et puis c’est pas mal une cafteuse elle aussi… Je l’aime bien, mais c’est une petite peste. Faut dire ce qu’il est. Petite, c’était typiquement le genre de fille que je ne supportais pas. Il leur fallait toute l’attention et gare aux crises si ça n’était pas le cas. Bref, insupportable. Je peux comprendre pourquoi les maîtresses à l’école pensent qu’elle est pourrie gâtée… Mais le pire, c’est que ça n’est même pas le cas. Enfin bref, je pense qu’ado elle sera chiante.

Tiens, ça me fait penser à une discussion que j’ai eu avec Tonton et Tata une fois. Enfin, en fait, ya pas vraiment de lien. Enfin si, mais il est dans ma tête le lien et j’ai la flemme de l’écrire. Bref !
En fait, on regardait une série dans laquelle une mère déclarait tranquillement préférer sa fille à son fils et ça m’avait choqué parce que pour moi, tu ne peux pas préférer un de tes enfants aux autres. C’est juste impensable. Mais ça n’avait pas l’air de les choquer, eux. Ils me disaient que c’était normal de préférer l’un de tes enfants parce que voilà. Du genre Tonton prèfère Noty et Tata préfère Luya. Heureusement qu’au moins, chacune est préférée par l’un de ses parents… Sinon je te dis pas la tristesse pour celle qui se retrouve reléguée en second plan… Enfin, tout ça pour dire que moi, je trouve ça incompréhensible. Certes, je n’ai pas encore d’enfants et tout et tout. Mais pour avoir eu plusieurs animaux -enfants, animaux, c’est la même...- bon, surtout chats on va dire, je suis dans l’incapacité de dire qui je préférais entre Cooky et Matéo. Pour moi ils avaient certes chacun leur caractère, mais je les aimais tous les deux de la même façon. Et jamais il ne m’est venu à l’idée de me dire que j’en préférai l’un à l’autre… Après, que tu sois plus attentionnée avec l’un quand il va pas bien ou autre, ouais, c’est normal, tu protèges le plus faible, mais en aucun cas ça n’influence ton amour…

Enfin, je sais pas, moi ça m’a choqué. Peut-être parce que mes parents à moi n’ont jamais clairement fait ce choix tranché de "moi je préfère celui-là ou celui-ci !"... J’sais pas. Je trouve ça terrible tout de même d’avoir un avis aussi tranché sur la question… En tout cas, me connaissant, je ne pourrais pas faire ce choix quand j’aurais des enfants. Surtout en tant que mère quoi ! J’sais pas, j’idéalise peut-être la relation qu’une mère doit entretenir avec ses enfants, mais il est clair que moi je tendrai vers ça. C’est juste pas possible autrement. D’façon, je serai une mère géniale. Autre certitude de ma vie. C’est marrant quand même comment des fois, je sais que les choses seront ainsi. C’est comme je sais pertinemment que j’aurais une vie heureuse. Il y aura sûrement quelques passages de tristesse, ainsi va la vie, mais globalement, je serai heureuse. Je le sais. Et je ne dis même pas ça pour me rassurer qu’on soit bien clair, c’est juste une certitude, profondément ancrée en moi depuis… Depuis toujours en fait, même si j’ai eu un gros moment de doute entre mes 13 et mes 18 ans, mais même avec ça, je savais qu’il fallait laisser le temps faire et que tout irait bien.

J’aime bien ce genre de certitudes. Ca m’évite de passer par plein de moments de doute dans lesquels les gens passent la plupart du temps et qui ne servent à rien hormis stresser pour que dalle. Et puis c’est même pas vraiment de l’optimisme vu que j’en suis profondément convaincue. C’est juste que mon instinct sent ces trucs là et mon instinct, je sais que je peux m’y fier.

Je sais pas ce que j’ai pu faire de si bien pour avoir une vie et une relation avec moi-même aussi cool. Sans rien glander. C’est vrai, c’est même pas comme si j’étais quelqu’un de démesurément bon ou compagnie. Du tout. Des fois je me sens même cruelle… De plus en plus souvent d’ailleurs. A croire que j’ai perdu toute mon empathie… En même temps, j’pense que peu de gens méritent mon empathie ces derniers temps… Bref, donc ouais, je suis à peine quelqu’un de gentil, et pourtant, Tout fait en sorte que tout aille pour le mieux pour moi. Ou alors peut-être que les prières de Maman sont ultra efficaces… En tout cas, je vais pas m’en plaindre. Ca c’est évident. Mais c’est plutôt cool d’avoir tous ces trucs géniaux qui m’arrivent. C’est comme si, en fait, mon sang, c’était du Felix Felicis. J’aime cette idée.