La vie d'une Quiche

J'me rends compte...

Des fois, j’ai conscience de ma cruauté. Envers les autres. Envers ceux qui ont le moins besoin de ça. Dans la vie, il y a deux catégories de personnes que je déteste de façon viscérale : les gens qui écrasent les autres et ceux qui se font écraser. Aux premiers j’ai envie de leur dire de faire preuve de plus de compassion, de compréhension, de sensibilité envers les autres (j’allais utiliser le mot "humanité", puis après une réflexion d’environ une demie seconde, je me suis dit que c’était un bien mauvais terme à employer… Après tout, l’humanité est capable du pire comme du meilleur donc un nom à son effigie devrait représenter ça aussi, pas seulement son meilleur aspect...). Et pour les autres, j’ai envie de leur dire de se réveiller, de se rebeller, que s’ils ne font rien pour changer ça, c’est que quelque part, ils le méritent et les premiers ont raison de les écraser.

Je hais la faiblesse. Vraiment, ça m’énerve plus que tout. Plus que ceux qui écrasent à la limite. Parce que bon, c’est "naturel" d’écraser les autres. Tuer ou être tué hein. Dans la nature, ça fonctionne beaucoup comme ça, les hommes sont issus de la nature, ont toujours été entourés par la nature et ont été créés par la nature, c’est "normal" qu’ils se comportent ainsi, même s’ils essayent de se faire croire - et je pense que la plupart arrivent réellement à y croire...- que l’humanité est au-dessus de ça. Mes fesses ouais. On est au-dessus de que dalle. Mais bon, à échelle individuelle on a besoin de savoir qu’on est "supérieur" aux autres -j’en suis un parfait exemple- alors je suppose que si chaque individu se sent supérieur, le groupe entier finit par se penser supérieur également… La conscience de soi est parfois quelque chose de terrible.

N’empêche, maintenant que j’y pense, la plupart des gens doivent être moins égoïste que moi. Ouais, parce que pour eux, l’humanité est supérieure à tout autre créature. Alors que pour moi, je suis supérieure à tout autre créature. Les autres, j’en ai rien à battre. A la limite, il y a mes proches qui se rapprochent de mon niveau, mais si je suis totalement franche avec moi-même, je me sens quand même supérieure à eux. Et pourquoi ? J’en sais strictement rien. Parce que, soyons francs, je n’ai jamais rien foutu de ma vie. A mon âge, d’autres ont déjà accompli de grandes choses. Révolutionné des concepts. Créé de nouvelles chose. Amélioré la condition humaine. Et moi, je suis là, dans mon coin, sur mon PC à boire du jus de fruits en me disant "Wow, c’est dingue ce que je suis supérieure aux autres et c’est dingue comment tous les autres sont cons". Et quelque part, j’ai consciente que c’est stupide comme raisonnement, et totalement faux, mais le problème, c’est qu’une autre partie de moi en est intimement convaincue et ne cesse de me répéter "Tu te sous-estimes ma petite, tu es géniale, sans toi, la Terre n’existerait plus alors cesse de te rabaisser sans cesse et assume ta supériorité". Et là, je me dis que je suis dingue…

Non, sérieusement, je dois être sacrément atteinte tout de même. Mais le pire, c’est que d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cette impression d’être à part, supérieure aux autres. D’ailleurs, c’est pour ça que j’ai eu pas mal de soucis pour me lier d’amitié avec les autres. Dur de devenir ami avec quelqu’un qui, te semble-t-il à un QI inférieur à 1… De toute façon, je préférais les animaux. Au moins, eux ne parlaient pas alors même s’ils n’étaient pas très malins, je n’avais pas l’occasion de l’entendre et je pouvais me les imaginer penser. D’ailleurs, quand j’étais petite, pour moi, tous les animaux étaient télépathes et parlaient entre eux par la pensée pour se moquer des humains. "Supérieurs, en attendant, ce sont les seuls qui vont travailler et qui sont d’accord pour le faire. Ces abrutis...". Je me demande à quel moment j’ai commencé à mépriser l’humanité... ? J’ai l’impression que c’est depuis que j’ai eu conscience des guerres. J’ai toujours trouvé ce principe con et par extension, ceux qui l’a font -les humains donc- sont également devenus cons. Il faudrait que je retrouve mes journaux intimes de quand j’avais 7 ans tiens. Entre les trucs sur les garçons qui me plaisaient, mes amies et mes animaux, il me semble que j’avais écrit quelques brides de pensées sur le monde qui m’entourait.

En fait non. Je me souviens à partir de quel moment j’ai détesté l’humanité. C’était à S****, un mercredi après-midi. Il n’y avait pas école, je devais avoir… 5 ans et Mamy M et Maman regardaient un documentaire à la télé pendant que j’étais censée faire ma sieste. Mais comme souvent, j’étais dans l’escalier et je regardais la télé à travers les barreaux. Et je les écoutais parler. L’émission était sur la pollution et l’extinction de la planète Terre à cause de l’activité humaine. A la fin on voyait la Terre exploser et moi, je me suis mise à pleurer parce que je ne voulais pas qu’on meurt et je ne comprenais pas pourquoi les humains continuaient de polluer -même si je n’avais pas vraiment conscience de ce que ce mot voulait dire- s’ils savaient que ça allait tous nous tuer. Nous, les animaux, les plantes, tout. Et je crois que ce moment marque le début de mon mépris pour les humains. Ces êtres supérieurs suffisamment cons pour se tuer tous seuls sans que personne n’ait à intervenir pour le faire… Et à partir de ce moment, j’ai commencé à me dire que je n’étais pas humaine. Que je venais d’ailleurs. Peu importe d’où, mais d’ailleurs. Je ne voulais pas avoir de lien avec cette espèce.

Bon, avec le temps, je me suis un peu fait une raison. Mais j’admets que je continue de me dire que je ne suis pas humaine. Parce que je n’ai pas envie qu’on m’associe à "ça".

Bref, au départ, je voulais dire que je n’aimais pas les gens faibles parce qu’ils sont anti-naturels. Ils n’ont pas les capacités pour vivre dans ce monde parce qu’ils ne savent pas s’adapter. Et savoir s’adapter, c’est essentiel pour vivre. Ou alors peut-être qu’eux ce sont adaptés en s’écrasant… Mais bon, ça demande une bonne force mentale parce que bon, vivre toute sa vie écrasé par les autres, ça ne me plairait vraiment pas. Finalement, les faibles qui survivent sont peut-être les plus forts. A méditer.