La passion n'est que souffrance
En ce moment, on retrouve de vraies soirées avec le Chéri. Pendant un moment, quand j’avais du temps devant moi, on était surtout chacun sur notre pc à jouer. On échangeait de temps en temps quelques mots, mais c’était tout. Calme et confortable, une vraie routine de vieux couple. En soi, ça n’est pas dérangeant. Ce n’est pas désagréable de retrouver un peu de temps pour soi.
Mais depuis la semaine dernière, depuis que le Chéri a été un peu malade et a dû délaisser sa chaise devant le pc pour plus de confort sur le canapé, on a repris goût à parler ensemble. Vraiment. A débattre de la société, de l’être humain, de tout et n’importe quoi. Comme avant. Comme ça arrive de temps en temps encore, mais c’était plus rare. Et ces moments précieux me font réaliser à quel point je l’aime. Pas que j’en doute, mais c’est vrai qu’avec le temps, on peut se dire que c’est plus une habitude, qu’on ne sait plus vraiment pourquoi on aime la personne et que c’est juste un fait. Mais non. Moi je sais pourquoi je l’aime. J’arrive peut-être pas à donner de raisons précises comme ça, mais je sais. Il est juste parfait pour moi. Pile ce qu’il me faut pour ne jamais me lasser. Indépendant et affectueux. Solitaire et présent. Drôle et sérieux. Impulsif et réfléchi. Un sourire à se damner. De grandes mains chaudes. Des lèvres tentatrices. Un homme dévoué à sa famille et un père aimant et protecteur. Râleur aussi. Intransigeant parfois, mais il finit toujours pas s’adoucir.
Bref, je l’aime.
Lundi il me semble, ou peut-être était-ce vendredi, on a parlé de passion tous les deux, de coups de foudres et de papillons dans le ventre. On devait parler des couples qui se séparent juste parce qu’il n’y a plus de passion entre eux et on se disait, que nous, de la passion, il n’y en avait jamais vraiment eu. Toute notre relation semble juste normale. Comme un long fleuve tranquille. Mais quand je lui disais qu’il m’arrivait encore d’avoir les papillons dans le ventre quand on s’embrassait vraiment après plusieurs jours de séparation, lui avait l’air gêné de me dire qu’il n’avait jamais ressenti ça, ou alors peut-être éventuellement au début, mais il n’en était pas sûr. C’est possible. Comme il me dit depuis toujours : il aime normal. De toute façon, les papillons dans le ventre, visiblement c’est une réaction chimique d’anxiété et d’émotion lié à la libération d’adrénaline et sérotonine. Et si, comme il dit, pour lui c’est juste logique, ça semble pas absurde qu’il n’y ait pas ce genre de mécanisme qui opère. Enfin, de toute façon, peu importe, je vois comment il me regarde et ça suffit à me prouver que passion ou pas, il m’aime.
C’est appréciable d’avoir les enfants qui grandissent pour retrouver ce genre de moment.
Hier on a fait l’amour et c’était grave bien. Comme vendredi. On passe plus vite sur les préliminaires et ça n’en est que meilleur. Je sais même plus à quel moment on a commencé à se "perdre" dans de longs préliminaires alors que je sais que je préfère quand c’est plus, tout de suite. Faire monter la température n’est pas nécessaire, on démarre généralement au quart de tour. Enfin, j’imagine qu’à l’époque on avait besoin de varier un peu, mais là du coup, on recommence un nouveau cycle et c’est grave bon. Ce qui est marrant, c’est que ce genre de constatation se fait toujours un peu au hasard.
Le seul petit bémol, c’est qu’on a fait ça en plein dans ma fenêtre de fertilité. A la base on devait éviter jusqu’à vendredi, mais il m’a allumé et on s’est dit, qu’au pire, un petit troisième dans 9 mois, c’était plutôt une bonne nouvelle. En soi, s’en est une. C’est juste qu’on n’a pas la voiture qui va avec… Ni même la maison, mais ça encore, c’est jouable.
Enfin bref, mon chéri, c’est le meilleur. Rien ni personne ne pourra me convaincre du contraire.