La vie d'une Quiche

27 ans

Ça faisait un moment que je n’étais pas venue ici. Je n’en ressentais pas le besoin. Ou plutôt, ce besoin n’était pas assez important pour que je surpasse ma flemme. Mais là, à l’aube de mes 27 ans, j’ai eu envie de passer par ici.

Rien n’a vraiment changé je me rends compte. On a déménagé, j’ai acheté. Le Chéri ne travaille toujours pas et je dois avouer que même si j’essaie de ne pas trop y penser, ça me colle des angoisses, un certain désespoir et une rancœur lancinante quand je m’y penche trop. Alors, technique de l’autruche oblige, je n’y pense pas. Du moins, j’évite de le faire trop sérieusement. Surtout que, sentant mon horloge biologique avancer, je ressens le besoin impérieux d’avoir un bébé à moi.

Hier, ça faisait un an jour pour jour que j’ai retiré mon stérilet pour sauter le pas. Un an où se sont multipliés les fausses joies. Je sais que je suis trop impatiente. J’essaie de me dire que c’est pas plus mal, étant la seule à bosser, c’est pas raisonnable de vouloir un bébé, mais en même temps, y-a-t-il un bon moment pour ça ? Qui sait, ce bébé pourrait être le déclencheur du Chéri. Et quand bien même, vu nos dépenses, ça serait largement envisageable. Du coup, je ne sais pas si c’est une façon de me réconforter pour le fait que je ne tombe pas enceinte ou si c’est cette crainte qui fait que je ne tombe pas enceinte. Ça va faire des mois que je me tracasse l’esprit avec cette question.

En vérité, j’ai juste peur d’être stérile. J’ai beau lire des choses qui assure qu’au bout d’un an, c’est pas forcément alarmant de ne pas tomber enceinte, je m’alarme. En même temps, je ne sais même pas quand j’ovule, je détermine un truc au pif et puis voilà. Mais voilà, j’ai des filles autour de moi qui tombent enceinte comme ça, sans vraiment le vouloir, alors ça me déprime un peu.

C’est chiant, je voulais être un peu joyeuse sur cette nouvelle année à venir, mais du coup j’ai juste réussi à me faire déprimer.

J’en parle avec le Chéri, mais je ne sais pas s’il réalise à quel point ça me travaille vraiment. Je pense que oui, il le sait, mais bon, qu’est-ce qu’il peut faire de plus le pauvre. Si ça se trouve, je me mets juste trop la pression. Mais j’avoue que je considère ça un peu comme un échec de ma part. Même pas foutue de tomber enceinte. Des petites voix pernicieuses n’arrêtent pas de me souffler cette phrase quand je vois une femme enceinte ou une femme avec un enfant. En y réfléchissant bien, c’est clair que ça ne doit pas aider.

Et puis le boulot en ce moment, c’est speed, alors niveau fatigue mentale, j’accumule. Ça explique peut-être au moins pourquoi je craque là. Heureusement que je ne travaille pas.

Dans trois minutes c’est mon anniversaire. Je sais pas pourquoi, je veux toujours être la première personne à me souhaiter mon anniversaire. En vrai, j’adore mon anniversaire. Je déprime en général sur l’année passée pour tout ce que je n’ai pas réalisé, mais je suis toujours optimiste pour l’année à venir. Autant dire que pour cette année je souhaite deux choses. Avant tout, un bébé, parce que j’ai vraiment trop envie de devenir maman. Le Chéri sera un papa génial en plus, j’en ai la certitude. Et j’aimerai aussi que le Chéri se trouve du boulot. Qu’il trouve un truc qui lui plaise. Parce que rester toute la journée à la maison, niveau humeur, ça lui réussit quand même pas des masses. Surtout que niveau pression sournoise, je suis plutôt bien calée. Mais bon, j’y peux rien. J’imagine ma vie d’une certaine façon, j’ai passé outre pas mal de choses pour ses beaux yeux, mais ça me travaille. Et une moi travaillée est une moi pas toujours très agréable.

Joyeux anniversaire moi.

Puisse cette année 2020, l’année de tes 27 ans réaliser tes vœux.

Ouais, je me souhaite des trucs toute seule, il paraît qu’on est jamais mieux servi que par soi-même…