Dans un mois
Dans un mois pile poil on sera arrivé au Bénin à cette heure. On ne verra pas le Chéri pendant quasiment un mois. J’appréhende plus que je n’ai hâte, mais bon, c’est le genre de voyage que je n’aurais sûrement plus l’occasion de refaire alors on va essayer d’en profiter. Et je vais surtout essayer d’en profiter pour perdre du poids. Le Bénin c’est le seul endroit où la nourriture saine me fait plus plaisir que celle moins bonne pour la santé. Normalement…
En vrai, le rendez-vous avec le docteur du centre de vaccin contre les maladies tropicales m’a surtout fait flipper et je sens que je serai parfaitement sereine quand on reviendra et que mes deux bébés iront parfaitement bien. Je vais tâcher d’écouter toutes les recommandations de Maman à la lettre. Après tout, elle nous a emmené trois fois au Bénin et, je touche du bois, on a jamais rien eu. Et puis la connaissant elle aura encore plus à cœur que moi de les protéger donc ça ira.
Youyou a récemment appris la notion de fierté. Tous les soirs elle me demande avec un petit sourire si je suis fière d’elle en me précisant qu’elle n’a pas beaucoup fait de bêtises. Elle me fait craquer. Et oui, je suis infiniment fière d’elle. C’est une petite fille têtue, pleine d’amour et de malice avec un sens comique et de la répartie hors du commun pour un enfant de son âge. Elle a déjà du second degré, je trouve ça bluffant. Mais c’est ma fille, je manque forcément d’objectivité. Mais j’exagère juste un poil des qualités réellement existantes. Elle a déjà compris la notion de masculin et féminin. Elle sait comment on écrit Papa et Soso et elle sait épeler toutes les lettres d’un mot écrit. Et tout ça à moins de 2 ans et demi. Franchement, ya moyen qu’elle apprenne à lire avant la fin de la maternelle si ça l’intéresse. J’aurais tellement aimé moi savoir lire avant l’entrée en CP. Si elle le souhaite, on sera là avec son papa pour l’y aider en tout cas. Savoir lire, c’est tellement jouissif.
Je me souviens que dès que j’ai su lire, j’ai commencé à écrire mes histoires. J’étais tellement fière. J’arrête pas de ressasser, mais il faudra vraiment un jour que je recommence à écrire. Le seul truc, c’est que c’est un peu obsessionnel quand je m’y mets et c’est pas tellement compatible avec une vie de famille. Hors de question de les délaisser. Je pourrais n’écrire que le soir ou au boulot, mais généralement les idées parasitent tout le temps quand je m’y penche. C’est plus simple de ne rien faire. Je verrai ça quand les enfants seront plus grands. J’aurais toujours la flamme d’ici là, je ne m’en fais pas pour ça.
J’ai eu envie d’écouter du Ludovico Einaudi, l’album Una Mattina, c’est pour ça que je suis dans cet état un peu spleen.
C’est le genre de moment où j’ai l’impression de ne pas avoir assez souffert pour écrire suffisamment. De ne pas avoir assez vécu. De ne pas avoir assez profité de l’instant. Pourtant je sais que ce n’est pas le cas. J’ai grave profité. C’est juste qu’il y a des parenthèses que je n’ai jamais clairement refermées et d’autres que je n’ai jamais ouvertes et mon cerveau ne peut s’empêcher de s’imaginer mille et un scénarios. Le pire c’est que tous sont en deçà de ma vie actuelle, mais je me les imagine quand même. Parce que j’ai toujours eu du mal à ne pas imaginer les "Et si". Mais je suis intimement convaincue qu’avoir une petite fille de deux ans et demi en couche qui me file des coups de pieds en dormant est la meilleure version de ma vie que j’aurais pu souhaiter avoir.
J’adore ma vie de maman. J’adore observer Youyou grandir et s’épanouir dans son corps de petite fille. J’adore voir Soso me regarder comme si j’étais la personne la plus belle au monde, la plus importante aussi avec tous ses sourires et les discussions animées que l’on a ensemble. Si ma Youyou était un bébé frustré, Soso est quant à lui le bébé le plus heureux du monde. Je n’ai jamais vu un bébé sourire autant. Il suffit de croiser son regard et il nous fait de merveilleux sourires et de longs gazouillis. J’ai l’impression qu’il parlera vite vu comment il observe nos lèvres remuer. Il sort de magnifiques "Areuh" aussi. Youyou lui a bien expliqué comment faire visiblement.
Par contre j’ai vraiment hâte qu’on trouve un rythme qui me permettra de repasser du temps en tête à tête avec le Chéri parce que nos discussions sur tout et rien me manque. On le fait quand même, mais disons qu’on est souvent coupé par l’un des deux enfants. Et puis même, on ne peut pas parler de tout devant eux. Surtout pas devant Mistinguette qui comprend de plus en plus de choses…
Les portes ouvertes pour son école sont le 17 juin. Elle pourra aller à l’école que le matin s’il y a besoin jusqu’au vacances de Noël. Le Chéri et moi sommes rassurés. En plus il y a une semaine d’adaptation la première semaine de septembre où elle ne reste qu’une seule heure à l’école donc c’est rassurant. Et j’ai pris une semaine de congés à ce moment pour justement vivre au mieux cette nouveauté avec elle.
Dimanche, ça fera 17 ans que Momo est mort. Faudrait que je pense à déposer des fleurs sur sa tombe. Ça faisait une éternité que je n’avais plus pensé à lui. C’est peut-être lié au fait que j’ai passé pas mal de temps dans le jardin avec Youyou ces derniers jours. J’adorais cet animal. Naïvement, j’ai cru, petite, qu’il allait connaître un jour mes enfants. Je trouve ça marrant que ça me touche encore maintenant. Ce n’était "qu’un" cochon d’Inde, mais c’est dingue comment sa mort m’a bouleversé.
Bon, je vais m’arrêter là sinon je vais pas pouvoir assumer les réveils de Soso cette nuit. Fait que j’arrête d’écouter du Ludovico Einaudi, ça me plonge trop loin.