La vie d'une Quiche

Feu Monsieur Chat (8 mai 2009-10 juin 2021)

J’ai même pas évoqué la mort de Monsieur Chat… C’est le problème d’écrire uniquement de temps en temps, je ne me souviens plus de ce que j’écris… Autant parfois je rabâche des trucs, mais ne pas avoir parlé de la mort de mon gros chat roux, ça me mine quand même…

Ce pauvre chat morveux qui est passé un peu à la trappe avec la naissance du bébé. Je pensais avoir le temps de me rattraper plus tard avec lui, mais la Vie m’a bien fait comprendre, que le temps, faut le prendre comme il vient et il ne faut pas trop se projeter à long terme parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut se passer… J’espère avoir compris la leçon, je suis juste profondément désolée que ça ce soit fait au détriment de mon pauvre chat…

Pour reprendre un peu l’historique. Début 2020, je l’emmenais chez le vétérinaire qui lui a fait plein de malheur parce qu’il avait -je croyais - un rhume qui ne passait pas… Il a eu un traitement d’antibiotiques qui a bien amoindri les symptômes, mais dès qu’on a arrêté, la morve fit son retour. Après, il y a eu le confinement et vu qu’en dehors de la morve, tout allait bien, il mangeait normalement, se comportait comme d’habitude, on ne s’est pas inquiété.

Puis en juin, ne voyant pas d’amélioration et comme il coulait aussi des yeux, j’ai pris un rendez-vous chez le véto. Verdict : une petite rhinite, rien de grave. Des médicaments à prendre et une inhalation d’un truc genre Vicks pour chat… Rassurant en soi, sauf qu’on a constaté pas tellement d’amélioration…

Et ça a duré encore quasiment un an comme ça. A protéger toutes les surfaces style canapé de plaids qu’on changeait régulièrement à cause de la morve. On a fait grimper le cours du Sopalin aussi, je pense… Mais avec un bébé à gérer, j’avoue que j’ai totalement négliger mon pauvre chat…

Puis en mai, il mangeait de moins en moins, était complètement apathique certains jours et maigrissait à vue d’oeil, donc je décide de prendre un nouveau rendez-vous chez un autre véto. Et la veille du rendez-vous, son oeil avait tellement gonflé qu’il ressortait presque de sa cavité. Complètement flippant…

Bref, nouveau verdict : il a une tumeur au niveau du palais...C’est un chat de 12 ans, en plus d’un an, la tumeur a eu le temps de bien grossir, il ne sait pas ce qu’il resterait de sa mâchoire une fois la tumeur retirée. Il me demande si on veut se lancer dans un traitement lourd avec une opération au bout, en sachant qu’il faudra aller régulièrement sur Paris, ou est-ce qu’on arrête là ses souffrances.

Il a dû voir mon air complètement paniqué parce qu’il m’a donné une troisième option : dix jours de cachets pour voir si ça réagit bien, qu’il retrouve de l’appétit et on continue comme ça autant de temps qu’il réagit bien au traitement.

Forcément, je choisis cette option. Dix jours pour voir s’il reprend du poil de la bête et dans ce cas on pourrait envisager l’opération, ou alors dix jours pour profiter à fond de lui, lui donner l’attention dont il avait manqué les huit derniers mois. Quand je suis rentrée et que j’ai expliqué ça au Chéri, j’ai bien compris qu’il m’a dit que l’opération lui semblait être trop barbare pour Monsieur Chat. Il avait 12 ans, il était flippé des vétos, il détestait la voiture et les changements de lieux et surtout, l’histoire de lui casser complètement la bouche pour essayer de reconstruire derrière, ça semblait inhumain. "Les animaux ont la chance de pouvoir être euthanasier pour éviter toutes ses souffrances inutiles, faut qu’il en profite". Je crois que je me suis résignée à cet instant…

De toute façon, il avait visiblement déjà pris la décision parce que lui donner les cachets était une véritable torture (j’ai laissé tomber le troisième jour), il ne mangeait plus non plus. Mais il ne quittait plus mes jambes quand j’étais à la maison. Alors je me suis couchée un peu plus tard pendant 10 jours pour profiter pleinement de lui. De son petit corps trop maigre pour le grand chat qu’il était. De son ronronnement parsemé d’éternuements. De ses petits yeux même pas rancuniers. De lui quoi…

Puis vint le moment du rendez-vous chez le Véto. J’ai pas trop pensé dans la salle d’attente, avec tous ces autres animaux autour de moi, je n’avais pas envie de pleurer comme ça, devant tout le monde. Le véto nous appelle, on va dans une petite pièce, il me demande ce qu’on a décidé et je lui explique un peu notre réflexion. Son âge, le fait que si on décide de l’opération, ça va lui occasionner beaucoup de stress et de souffrance, sans aucune certitude que ça aille mieux après. Et il ne comprendrait même pas pourquoi on lui fait subir tout ça… Et puis la difficulté à lui donner ses cachets, alors qu’avant il n’avait jamais posé problème pour ses traitements…

Bref, il entend ce que je lui, acquiesce et m’explique du coup la procédure. Je commence à pleurer et d’une façon vraiment très gentille et compréhensive, il me propose de rester avec lui quelques minutes. Alors pendant ses minutes je lui parle, je le caresse, je lui fais des bisous et surtout je lui demande pardon. Pardon pour ne pas avoir vu plus tôt. Pour ne pas avoir insisté auprès des professionnels. Pour ne pas avoir été plus présente pour lui depuis la naissance de Youyou. De l’avoir relégué au second plan alors qu’il n’avait rien demandé à personne. Et j’ai beaucoup pleuré aussi. Un peu comme là en repensant à tout ça…

Le véto revient quelques minutes plus tard, il me demande si je suis prête, je lui dis que oui mais en vrai si j’avais répondu honnêtement à cette question, je crois qu’on y serait toujours parce que je ne sais pas comment on peut être prêt à ça. Faire tuer un compagnon de vie, comme ça. Même si c’était probablement la meilleure chose à faire, je ne peux m’empêcher de penser que si j’avais vu ça plus tôt, on aurait pu faire quelque chose.

Il lui fait une première piqûre en m’expliquant son effet, j’ai pas tellement compris, je crois que c’était un paralysant, puis après il lui a fait LA piqûre. Il a fait tout un tas de bruits bizarres, c’était affreux, puis ça s’est arrêté… Ils m’ont laissé (je crois qu’il y avait une assistante dans l’histoire) avec lui, le temps que tout s’arrête et je suis rester avec lui jusqu’au bout. J’arrive un peu à me rassurer en me disant, qu’au moins, il n’est pas mort seul…

Le trajet jusqu’à la maison - 5 minutes- fut horrible, mais j’avais réussi à me calmer. Par contre, en rentrant à la maison, avec ma cage vide et en croisant le regard du Chéri, je me suis mise à chialer. Un peu comme pour Momo.

C’était juste trop pour moi. Il m’a réconforté, dit que ça irait, et en effet, maintenant ça va mieux. J’arrive à parler de lui sans pleurer à chaque fois. Mais quand je repense à ce moment où son coeur s’est arrêté, ça me fait tellement mal. Alors comme souvent dans ces cas-là, j’y pense plus. Et ça va mieux.

N’empêche, je ne suis pas sûre de reprendre un jour un chat, en tout cas, pas avant de longues années. Peut-être quand on se retrouvera qu’à deux avec le Chéri parce que nos enfants seront partis, mais pas avant. Pour le moment c’est la place de Monsieur Chat.