La vie d'une Quiche

J'étais pédante...Mais...

Cet aprem, plutôt que de venir écrire ici telle la désespérée que je suis, j’ai décidé de faire du tri dans ce journal en créant un autre journal pour mes archives.

Parce que si je tiens à conserver tout ce que j’ai pu écrire, je ne pouvais plus garder dans ce journal certains mensonges dont je tenais à convaincre les gens qui me lisaient à l’époque pour me donner des excuses énormes juste parce que je parvenais pas à ne pas ghoster tout le monde aux changements de saison. Ici c’est mon havre de vérité. Je ne dis que ma vérité. Je ne cherche pas à protéger qui que ce soit de mes mots.

Et forcément, j’ai tout relu. Il n’y avait que 36 billets, une cinquantaine de pages, ça se lit vite. Surtout quand tout me revient au fur et à mesure. Je parviens totalement à me remettre à la place de cette moi ado tourmentée.

J’étais pédante à souhait. Je crachais ma haine sous couvert de bon sens. Au nom de ma supériorité, au nom de ma capacité à voir ce que les autres ne voyaient pas.

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Et nous, on fait semblant de ne rien voir. On continue notre vie de mouton bien rangé, nos œillères correctement placées sur nos yeux et personne ne cherche à tourner la tête pour voir si le monde est tel qu’on nous le décrit. Personne sauf certaines personnes, qui ne sont pas écoutées… Les humains ont peur du changement. J’ai moi-même peur du changement, mais j’essaye de me modérer. J’essaye de comprendre par moi-même si c’est dur parfois. Souvent.

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Pourquoi se rabaisser quand on est le meilleur, pour soi, bien évidemment ! Personne n’aurait, sans idées derrière la tête, l’envie de dire à quelqu’un qu’il est parfait à moins de ressentir un sentiment assez étrange que beaucoup de gens appellent « l’Amour » celui avec un grand A. Un amas de connerie si vous voulez mon avis (qui ne vous intéresse sûrement pas, mais après tout, je ne m’en préoccupe guère de votre petit avis, sans aucun doute, minable.).

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Une chose me rassure, j’avais conscience quelque part que je devais juste penser comme beaucoup de personnes.

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Mais en attendant, tout ça est trop compliqué pour moi. Bien trop compliqué pour l’adolescente que je suis. J’essaye de réfléchir, de penser, mais rien ne me dit que plus tard, en me relisant, je me trouverais absolument puérile. Je sais que je ne suis absolument pas la seule à penser de cette manière. Pour être clair, tous les ados pensent être des êtres exceptionnels et ils ne comprennent pas pourquoi le soleil ne vient pas tourner autour d’eux – sûrement parce qu’il les brûlerait, mais bon...- alors je sais très bien que je ne sors pas du moule.

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Mais je ressens énormément d’amour pour cette moi du passé parce que, quelque part, j’avais conscience de ce que je deviendrai. D’un autre côté, je sais pertinemment que la vie de bohème ne m’aurait pas comblée longtemps. J’ai besoin d’être profondément ancrée. Je suis un signe de terre. Je suis très attachée à mes racines, le renier serait me refuser le bonheur. Alors certes, ma vie est moins trépidante que ce que je pensais vouloir, mais, maintenant, avec le recul de mon expérience en Angleterre, je n’aurais jamais pu m’épanouir dans cette vie là. Ce n’est pas moi. C’est très romanesque, mais ce n’est pas pour moi.

Et puis bon, quand je me relis, j’ai envie de me donner des claques un peu. Trop facile de tout mettre sur le dos de mes parents. Si je l’avais vraiment voulu, j’aurai pu le faire. Qui aurait pu m’en empêcher ? Mes parents ? Eux-mêmes qui m’ont encouragé à partir en Angleterre alors que Maman avait la trouille que je décide de rester là-bas ? Bien sûr que non, ils m’auraient encouragés à faire ce que je croyais être le mieux pour moi. Mais moi j’avais la trouille, alors c’était plus simple d’abandonner en mettant ça sur le dos de la pression familiale. Tss… Sale gamine ingrate va !

Mais bon, sur le coup, ça m’a fait du bien de poser ça quelque part. Le plus important, c’est que je n’ai jamais dit toutes ces conneries à mes parents. Les pauvres, je les imagine tout confus, rongés par la culpabilité de m’empêcher de vivre ma vie. Je savais déjà faire preuve de bon sens, comme quoi… Bon, on va pas se mentir, j’étais surtout une sacrée lâche, je suis surtout une sacrée lâche qui ne parle jamais de ce qui ne va pas. Je l’écris juste. C’est déjà pas mal…

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Je suis assez pathétique d’un côté, non ? Je me crois exceptionnelle alors que finalement, je ne suis qu’un pion de plus dans ce monde. Pour l’instant, je parle de tout arrêter, de vivre ma vie comme je l’entends, mais je ne le ferais pas. Parce que je ne veux pas décevoir Papa et Maman et que je trouve que je l’ai déjà trop fait. Surtout en ce moment… Donc je continuerais pour eux. Juste pour eux. Après je me serais habituée à cette vie bien rangée. J’aurais un mari que je ne verrais que le soir, des enfants qui travailleront sagement à l’école, un chien et un chat et on ira faire les courses en famille tous les samedis, et de temps à autre on ira au restaurant « pour profiter de la vie »qu’on dira et moi j’aurais oublié que je n’avais pas aspiré à cette vie. Que plus jeune j’avais des idées de futur radicalement différentes.

Et vieille, j’aurais l’impression d’être passée à côté de ma vie, mais au final je me rassurerai en me disant que j’ai la chance d’avoir un époux formidable et des enfants aimants prêts à s’occuper de moi dès que je le demande. Et je serais finalement rentrée dans le moule, comme mes parents l’ont fait avant moi et comme mes enfants le feront après moi. Et tu vois, ça ça me déprime. Je veux pas de cette vie figée. J’ai besoin d’action. De bousculer cette vie trop plate de profiter de la vie dès maintenant. De toute façon, peu importe le chemin que j’emprunterais, j’aurais des regrets et je souffrirais. Maintenant, il faut choisir quelle voie je vais prendre. Tout laisser tomber ou continuer comme je le fais ? Continuer pour satisfaire mes proches. Pour leur faire croire que c’est ainsi que je veux vivre.

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Et puis je m’impressionne parfois. Parce que déjà à cette époque j’avais saisi quel sens je voulais donner à ma vie. Une vie où peu importe la carrière, le plus important sont mes proches. Les gens que j’aime. Et ça fait bizarrement écho à tout ce que je pense ces derniers temps. Je ressasse, je ressasse… Onze ans que je pense ça déjà. Comme quoi, je me cernais déjà bien à l’époque…

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Et ça m’énerve. J’en ai marre que personne ne veuille comprendre ce que je veux vraiment. Que personne ne comprenne ma façon de voir les choses et qu’on me prenne pour une ado attardée et égoïste.Bien sûr, c’est le discours que doivent faire à peu près tous les ados. Je suis pas originale, je sais…

J’en ai marre de ce monde pourri. Pourri par les hommes. Par les immeubles et tout ce genre de chose qui abîment la Terre. J’aurais voulu vivre au temps des pirates. Vivre au temps des vagabonds qui pouvaient vivre juste parce qu’ils le voulaient. Je veux être comme eux. Profiter des joies simples de la vie sans me monter la tête avec des problèmes d’argent. L’argent n’entraîne que l’hypocrisie et l’égoïsme. Je suis peut-être moins égoïste que je ne le pense et que les autres ne peuvent le penser. J’ai des idées de monde trop idéaliste.

Mais personne ne peut m’empêcher de rêver. Sauf moi-même. Mais je veux me laisser rêver. Me laisser porter par mon imagination et oublier tout le reste. Juste profiter de ma vie, des gens que j’aime, des gens que je rencontrerais et que je pourrais aimer et c’est tout. La vie ne devrait pouvoir que se résumer à ça. Aux gens qu’on aime.

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Et beaucoup de choses n’ont pas changées… Je crois qu’elles ne changeront jamais. Je suis comme je suis et je ne vais pas me faire violence.

Surtout que je l’ai trouvé mon quelqu’un. J’aimerai pouvoir rassurer la moi du passé. Aie confiance. Tout se passera bien. Mais c’est facile de dire ça maintenant…

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En fait, je suis quelqu’un qui aime être entourée de manière ponctuelle. Je ne supporte pas être isolée si je ne l’ai pas choisi, mais à partir du moment où je veux être seule, je ne supporte plus personne autour de moi. Je ne réponds plus aux sms, ni aux appels, ni aux emails et autres. J’ai besoin d’être seule et de couper les ponts avec tout le monde, assez souvent… Mais forcément, ça ne plait pas aux gens, d’ailleurs, je ne peux que les comprendre, mais que veux-tu, j’ai besoin d’être seule et tranquille pour passer du temps avec moi assez fréquemment.

Mais comment veux-tu que je me trouve quelqu’un un jour avec ce caractère solitaire ? D’ailleurs, je me demande même si je pourrais ou non tomber un jour amoureuse de quelqu’un. Je vais l’avouer, depuis longtemps, je n’attends que le jour où je tomberais enfin amoureuse. Et plus le temps passe, plus je me demande si ça sera réellement possible…

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Ce que je retiens de tout ça, tout de même, c’est que, bien qu’ayant évolué sur de nombreux pas, je reste globalement d’accord avec ce que j’ai pu dire. Sauf mes délires complotistes, là, rien ne s’est vérifié donc dommage pour moi, je ne deviendrai pas une bonne liseuse d’avenir. Peu importe.

Ce que je voulais vraiment retenir de tout ça, c’est qu’il ne faut pas que je perde de vue que la famille c’est ce qui compte le plus pour moi. Jamais je ne dois laisser quelque chose s’interposer entre ma famille et moi. Surtout pas mon travail. Jamais je n’emmènerai mes enfants malades ou juste patraques à l’école parce que "Tu comprends, j’ai plus de journée enfant malade alors je dois aller travailler". Ça jamais. Et tant pis pour le boulot. Des boulots il y en a plein, et ils sont peut-être pourris, mais c’est pas comme si je m’éclatais dans ce que je faisais non plus donc bon. Je ne sacrifierai rien pour mon boulot. C’est mort.