La vie d'une Quiche

La curiosité est définitivement un vilain défaut...

Je ne sais pas si je devrais être encore plus égocentrique ou moins curieuse. J’ai ce côté de moi qui me pousse à vouloir connaître tous les tourments d’une personne, tous ses défauts, tous ses fantasmes les plus sombres. Je me sens obligée de le savoir, je fais tout pour le savoir. Je les encourage même à tout me dire, mais une fois que je sais ce que je veux savoir, je me mets à les détester. Enfin, ce n’est pas réellement de la haine. C’est juste un profond mépris mêlé à un total désintéressement. Même si "désintéressement" n’est pas le mot qui convient en réalité vu que je continue à leur en demander plus.

Je pense que, de base, je veux essayer de les aider. Je veux leur donner une occasion de se vider totalement de tout ce qui ne va pas selon eux, le problème, c’est que ça n’en finit jamais. Comme si leur malheur était une sorte de puits sans fond. On a beau essayer de drainer tout ce qui ne va pas, on en vient jamais à bout. Jamais. Comme si au final, tout leur côté lumineux en surface ne servait qu’à cacher la profonde pourriture qui les empli. Et je déteste ça. Je déteste ça parce que je me rends compte que je pourrais être pareil. Que je suis pareil. Sauf que moi je ne gratte jamais trop. Je m’arrête dès que je sens que les choses commencent à prendre trop d’importance. Dès que le "Sombre" devient trop important. Alors je gratte un peu et j’essaye immédiatement de recouvrir ça d’une couche de luminosité.

Seulement, en poussant les gens à ne me révéler que leur côté pourri, je ne leur laisse pas le temps de remplacer le mauvais par le bon et ils ne font que s’enfoncer. Et je les méprise pour quelque chose que j’ai commis volontairement. Bien évidemment, je n’ai pas assez de pouvoir sur eux pour les forcer à le faire, mais ils finissent tous par penser que je ne les apprécie que pour ce côté là. Or, c’est faux. Comme je l’ai dit, mon but, de base, c’est d’essayer de les rendre meilleur. De la même manière que je pense m’être rendue meilleure ces dernières années… Mais à vrai dire, toutes mes tentatives ce sont révélées être de lamentables échecs.

Du coup, il faudrait que j’arrête d’être aussi curieuse. Il faudrait que j’arrête d’encourager les gens à me faire partager toutes leurs pensées tordues. Il faut que j’arrête d’aller systématiquement vers des gens tordus. Je suis moi-même un peu...dérangée, j’ai pas besoin de gens qui sont pire que moi. Je ne dis pas que je devrais aller chercher du côté de la normalité, mais juste de l’optimisme… Il faut sérieusement que j’arrête de m’intéresser aux dépressifs en me disant que je peux aider. La vérité, c’est qu’ils ne veulent pas être aider. Ils ne veulent pas être guéris. Ils pensent le vouloir, mais au plus profond d’eux, ils restent persuadés qu’ils ne sont que des sous-merdes et se disent qu’ils méritent toutes leurs pensées sombres. Et forcément, comme d’habitude, l’esprit est le plus fort. Ils s’en persuadent et rien ne peut les faire changer d’avis, sauf eux-mêmes. C’est ce que j’ai fini par comprendre toute seule. A un moment. Alors j’ai essayé de faire partager mon "expérience" aux autres, mais c’est bien connu, on ne comprend jamais ce que ressent autrui, leurs problèmes sont toujours plus graves que ceux des autres et certes, il y a la famine dans le monde, des gens victimes de guerres et de maladies terribles, mais voilà quoi "c’est pas pareil"...

Bref, j’arrête d’essayer de sauver tous les dépressifs que je croise sur mon chemin. Qu’ils aillent tous se faire foutre et qu’ils me laissent tranquille avec mon optimisme idiot. Mieux vaut être bêtement optimiste que bêtement pessimiste.