La vie d'une Quiche

Long weekend d'hibernation

13h07

J’ai surtout dormi pendant ce long weekend. L’annonce de ma grossesse a été faite par le Chéri entre deux portes, l’air de rien. C’est tellement lui ça. Moi je préfère mettre un peu en scène, tout de même… J’aime faire mon petit effet.

Du coup, j’ai décidé d’aller chez les parents avec Youyou jeudi soir, après le travail. Comme ça le Chéri pourra s’organiser tranquillement comme il le souhaite pour aller au sport vendredi et moi je ne serai pas toute seule pour gérer ma mini terreur. Parce qu’elle en demande de l’énergie cette petite… Heureusement qu’elle grandit et qu’elle va plus facilement vers ses grands-parents paternels, sinon ce weekend aurait réellement été exténuant.

Parce que le Chéri a bougé absolument tous les aprem pour aller vois ses copains à gauche à droite. Mais c’est tout à fait normal. Il est toute la journée à la maison avec Youyou, je suis sa seule présence adulte dans la semaine, sa seule interlocutrice, donc forcément, il a besoin de retrouver ses copains de temps en temps. Alors oui, c’est un peu dommage pour moi parce qu’en attendant je ne sers pas à grand-chose à part garder Youyou et c’est un peu bête d’aller chez ses parents pour qu’on ne passe finalement pas de temps ensemble, mais c’est surtout parce que j’ai le permis que ça se passe comme ça. J’ai hâte des fois qu’il puisse aller tout seul chez ses parents avec Youyou pour que je puisse comater tranquillement à la maison. Mais bon, il fait déjà tellement de sacrifices pour sa famille, je peux bien me sacrifier moi aussi un petit peu. Et puis passer du temps avec ma fille, c’est quand même sympa. C’est juste beaucoup plus épuisant quand on est enceinte quoi…

Bref, tout ça pour dire que j’ai quand même passé un bon weekend parce que j’ai des beaux-parents géniaux qui ont vachement pris le relai avec Youyou pour que je puisse me reposer. Et j’en ai largement profité. Et puis je crois qu’ils sont contents aussi de pouvoir passer du temps rien qu’ensemble, sans avoir la belle-fille dans les pattes, ce que je comprends totalement, c’est plus facile d’agir naturellement quand tu n’as pas peur qu’un point de vue extérieur te juge sur ta façon de faire.

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13h36

Va falloir que je me motive à faire ma boîte à annonces pour samedi soir… Le Chéri va se moquer de moi, mais peu importe. Dans ma famille, on raffole de ce genre de trucs. Je sais que ma sœur aurait kiffé m’organiser une baby shower si j’avais des amies. Mais j’en n’ai pas, donc bon… Et puis j’aime pas tellement ce genre de truc. A la limite faudrait que je ne sois au courant de rien et que je n’ai rien à gérer. Je déteste organiser des trucs, donc je fais en sorte qu’on ne m’organise rien. Comme ça, je ne suis redevable à personne…

Je ne fais pas les choses en espérant qu’on me les fasse en retour, moi je refuse qu’on me fasse des trucs pour ne pas avoir à le faire en retour… Au moins on ne peut pas m’accuser de profiter des gens. Je n’attends rien d’eux que je ne suis capable de leur donner en retour. Du moins maintenant, à l’époque c’était probablement moins vrai…

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16h12

Bizarrement, depuis qu’on est rentré à la maison, mes nausées se sont calmées. C’est toujours pas ouf ouf, mais ça va déjà mieux que ce weekend. En même temps, ce weekend j’avais l’impression de crever la dalle H24. C’est dingue comme ils mangent peu chez le Chéri. Et c’est dingue que lui arrive à être rassasié avec les portions qu’on y mange. Après, je sais que chez les parents, on mange trois fois trop… Les barbecues chez nous c’est une orgie de viande. On a chacun au moins trois saucisses, trois merguez, un morceau de poulet, un de bœuf, et une brochette en prime de bœuf ou poulet. Après on mange rarement tout en une fois, mais on a la possibilité de le faire si on le souhaite. Chez le Chéri c’est plus, une saucisse et une merguez chacun, ou alors une côte de porc et voilà… Le tout accompagné d’une salade et ça suffit à tout le monde. Alors qu’avec Maman c’est taboulé, pomme de terre grillée au barbecue accompagnée de sa petite sauce au yaourt, une salade de tomates, des concombres, des carottes râpées et parfois même un petit gratin de légumes… Alors passer de toute cette abondance superflue au minimum vital, ça fait bizarre… Après, faut dire qu’ils aiment bien les desserts, nous, on en fait rarement des desserts. Enfin, Maman fait des gâteaux, mais en général le plat est tellement consistant que personne n’a faim un dessert. Hormis une bonne petite salade de fruits comme elle sait si bien les faire…

Non, mais, par exemple, un truc qui n’arriverait jamais chez mes parents : la mère du Chéri avait fait un risotto à la crevette ultra bon, mais en si petite quantité que c’était limite si chacun avait une proportion normale. Sérieusement, j’ai pris une quantité que jamais je ne pourrais prendre chez mes parents sans qu’on me demande si je suis malade… En temps normal j’en aurais pris au moins trois fois plus. Surtout que c’était vraiment très très bon. Et du coup, même en sortant de table j’avais la dalle. D’où cette nausée permanente qui ne passait que quand je dormais. Je me disais, qu’au moins, avec tout ça, j’aurais perdu du poids, mais que dalle. Mon poids ne bouge absolument pas. A croire que peu importe ce que je fais, je reste au même poids. Vivement l’accouchement que je puisse allaiter et que je perde 16kg sans rien faire. Et cette fois, je tâcherai de ne pas me faire avoir par la reprise du boulot et je ne reprendrai pas plus de poids. C’est quand même plus facile de se maintenir que de perdre. J’ai besoin d’un énorme coup de pouce pour perdre…

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16h27

Ces trois dernières nuits, j’ai fait des rêves… un peu… comment dire ? J’hésite entre perturbants, marquants et chelous. Je sais pas, l’ambiance était étrange, mais pas forcément désagréable, et le matin au réveil, j’avais l’impression que je devais en garder quelque chose. D’ailleurs, ils ont été suffisamment marquants pour que je m’en souvienne -à peu près- sans avoir pris le soin d’y penser réellement ou de les noter.

Le premier se déroulait, comme souvent dans mes rêves, dans un monde un peu post-apo chelou. En vrai, j’ai pas grand-chose du contexte, je sais juste que je couchais à tout va. Je dois être en manque de sexe ces derniers temps… En même temps, entre mes nausées, les nuits difficiles de Youyou et le long weekend chez les parents du Chéri, ça doit faire une bonne semaine qu’on n’a rien fait et ma libido commence à me le faire savoir. En tout cas, une chose est sûre : j’aime toujours autant les rêves où il y a du sexe. Les sensations sont vachement réalistes et je trouve ça vraiment, vraiment très cool. Bref, sur ce rêve, rien de très intéressant à proprement parlé, mais l’ambiance générale était vraiment très sympa…

Le deuxième concernait Bouh. C’était par rapport à sa venue prochaine. Je cherchais des trucs à faire avec elle. Et je me suis retrouvée dans une grosse boutique qui vendait des pierres, genre les pierres de lithothérapie là, et je voulais m’en acheter quelques unes pour me "garantir" une grossesse paisible. Et si possible trouver une pierre qui agirait sur mes nausées… Bref, j’en prends un tas et je me dis que, tant que j’y suis, je pouvais aussi en prendre pour Bouh pour les lui offrir. Vu son métier, ça pouvait lui plaire. Mais du coup, j’en ai pris des chelous parce que je ne voulais pas qu’elle les ait déjà. Je prends aussi quelques magazines qui, me semblait-il, parlaient de tout un tas de sujets métaphysiques , new age et je ne sais quoi qui pourraient parler à Bouh et je passe en caisse. 796€... J’hallucine mentalement, mais je n’ose pas reposer quoique ce soit de peur de passer pour une pauvre. Je regarde quand même vite fait mon compte en banque et je me rends compte qu’il faudra que je tienne une vingtaine de jours avec 214€. Je me dis que c’est jouable et je laisse le commerçants me faire tout son speech de lèche-botte comme quoi je suis la meilleure cliente de la boutique ou je ne sais quoi. Et en cadeau, il m’offre une pierre super sombre et mate qui garanti je ne sais quel bienfait. Je prends le tout et me barre après avoir compris qu’il était en train de me faire du rentre dedans en plus de ça.

Là, il y a une ellipse temporelle et je me retrouve chez les parents, à une sorte de grande réunion de famille vu que les oncles et tantes et cousins du côté de Papa sont là. A un moment, je m’éclipse dans ma chambre au sous-sol histoire de préparer mes cadeaux pour Bouh et là, je me rends compte que les pierres que j’ai prise ressemblent à du toc en plastique, les magazines qui me semblaient super intéressants ne sont que des BD pour enfants et les bracelets que je lui avais fait tombent en morceaux. Et je suis dégoûtée parce que je me dis que je fais tout de travers. Que je ne suis pas à la hauteur et que je vais décevoir Bouh. Et c’est ce qui finit par se passer parce que Bouh a l’impression -pas totalement fausse- de plus se donner dans notre relation que je ne le fais.

Et là, je crois que je tiens un truc. Je crois que, quelque part, une partie lointaine de moi s’en veut d’être si peu présente, si peu soutenante pour Bouh. De toujours privilégier la facilité de la laisser venir vers moi parce qu’elle finit toujours par le faire. De ne pas lui accorder assez de temps. Et je sais que ce n’est pas une impression injustifiée, c’est exactement ce que je fais. J’attends constamment que les gens viennent vers moi, me proposent des choses, jamais je n’ai l’élan de faire l’inverse. Et depuis qu’il y a Youyou, c’est pire. Je me repose sur elle pour me servir d’excuse. Alors oui, je ne me vois pas laisser le Chéri tout seul avec Youyou pendant plusieurs jours parce que je ne me vois pas rester seule avec elle plusieurs jours, mais je pourrais facilement la déposer le temps d’un weekend chez les parents et en profiter pour aller voir Bouh. C’est tout à fait envisageable. Enfin, ça l’était. Maintenant avec la grossesse c’est plus difficile parce que Bouh habite quand même loin et que je sens que la voiture hier ne m’a pas fait du bien… J’ai des sortes de douleurs au bas ventre, j’aime pas trop ça… Faudrait que je regarde si j’ai noté quelque chose de similaire à cette période pour Youyou. Bon, c’est clair qu’à cette période de ma grossesse pour Youyou, je n’avais pas fait de trajet en voiture aussi long vu qu’on avait vu les parents du Chéri à peine un mois plus tôt et avant j’y allais rarement plus de 3-4 fois par an. Puis il y a eu la période bénite du covid donc j’avais clairement pas bougé.

Bref, ce rêve continue de me lancer des flashs de temps en temps, pour me rappeler que, malgré cette prise de conscience, je n’ai pas fait le moindre pas vers Bouh pour autant… Je ne sais même pas pourquoi et comment elle fait pour continuer de s’accrocher, je me dis que je ne la mérite vraiment pas cette cousine si géniale. Qui m’agace par moment, mais je lui dois quand même énormément d’expériences que je n’aurais jamais tentée seule par flemme…

Et puis le troisième rêve que j’ai fait cette nuit, c’était par rapport à Olivia. Ma super copine de GEA que j’ai zappé sitôt les cours terminés telle la super amie que je suis… J’ai rêvé qu’on était au même endroit pour une raison qui m’échappe et cet endroit n’était nul autre que mon collège. Elle était enceinte et à un moment, j’apprends par des connaissances communes qu’elle vient juste d’accoucher. Alors, forcément, je me mets à sa recherche pour la féliciter et je la retrouve rapidement, arpentant les couloirs avec son bébé fraîchement né. Un bébé étonnamment souriant et éveillé pour son âge. Et Olivia toute pimpante, comme si ça faisait des mois qu’elle avait accouchée. Je lui demande si elle allait bien et comment elle avait vécu l’accouchement et elle me répond que c’était juste une formalité, rien de bien compliqué et qu’elle ne voyait pas ce qui pouvait être si terrible. D’une façon qui sonnerait absolument hautaine et méprisante pour quelqu’un d’autre qu’elle, mais vu que c’est elle, ça passe crème. Et je me rends compte que je la jalouse un peu. Parce que moi, après l’accouchement, j’avais un visage tout bouffi. Et que même si ma Youyou était bien éveillée, elle n’était clairement pas aussi souriante, bien au contraire. Et je me demande pourquoi ce rêve. Parce qu’en vrai, ça va, j’ai pas mal vécu mon accouchement quand même, bien au contraire, mais peut-être que je pensais survoler ça encore plus facilement ? Et du coup j’imagine qu’Olivia, celle que je considère comme étant le plus à même de me surpasser dans quelques domaines que ce soit, a elle réussi là où j’ai échoué ? J’en sais trop rien, mais en tout cas, ça m’a fait plaisir de la revoir dans ce rêve.

En fait, des fois, je me dis que mon inconscient m’envoie des signes genre "Ça serait bien que tu le/la contacte, ça fait longtemps...", mais moi, vu que j’ai vu ladite personne dans mes rêves, ça me suffit, c’était comme un contact réel et je passe à autre chose… En même temps, les gens sont tellement égaux à eux-mêmes dans mes rêves que j’ai réellement l’impression d’avoir interagis avec eux moi…

Je me demande pourquoi j’ai tant de mal à garder des amis. A faire vivre mes relations. Est-ce que je peux tout mettre sur la flemme ? D’un autre côté, en temps normal, en dehors la sensation teintée de douce mélancolie que me laisse ces rêves, les gens ne me manquent pas. En tout cas, pas mes "amis". Et il suffit que je rêve d’eux pour que la sensation de manque s’estompe. Olivia, Hide, Franz, Linouille, Audrey, Nivia, Yuu, Reine, Ami', Neph', Baccara, ils ne me manquent pas plus que ça. J’aime les imaginer heureux et puis ça s’arrête là. Je ne ressens pas le besoin de renouer. Je me demande si cette absence d’envie est normale, mais je ne ressens pas de regret particulier. Je me dis que je suis juste comme ça. Les autres ne me sont pas tant que ça nécessaire. Il y a juste Bouh et Koala qui sortent un peu du lot. Koala car il n’est pas du genre à se laisser oublier et Bouh parce que c’est la famille et que c’est ma première amie si on y réfléchit bien.

En vrai, je me sens quand même un peu mal de la négliger à ce point. Après, heureusement pour elle, elle a une vie sociale plus riche que la mienne et surtout, et c’est triste à dire, je crois qu’elle sait à quoi s’en tenir avec moi. Je ne suis pas fiable. Je ne peux pas être la super épaule sur laquelle se reposer. Je peux essayer de l’être pour le Chéri, je le serai pour mes enfants s’ils me laissent ce rôle, je peux le faire pour mes frangins, mais c’est tout. Mes épaules ne peuvent pas supporter plus de poids.