Pourquoi est-ce si dur d'être vraiment là ?
Je regardais sur Fb une vidéo tiktok -que je suis vieille...- où l’on mettait en parallèle un père qui était scotché sur son téléphone à côté de ses enfants vs le même père, les mêmes enfants, mais sans le téléphone. Et la différence est frappante. Le sourire des enfants…
Moi-même je me souviens que, petite, ça me gavait profondément lorsque je faisais un truc, genre dessiner et que ma mère n’était pas attentive à ce que je faisais. Je ne comprenais pas pourquoi elle n’était pas à fond avec moi alors que c’était génial ce que je faisais… Maintenant, en étant à la place de ma mère, je la comprends tellement ! C’est tellement chiant de jouer avec un enfant plus de 10 minutes… Enfin, moi c’est mon maximum niveau capacité d’attention… En vrai, même avec le Chéri c’est rare que je dépasse ces 10 minutes d’attention focus -mais c’est globalement réciproque- en dehors du sexe. Là, pas de soucis, je suis archi focus.
Mais ça me gave de faire vivre à ma fille ce que j’ai moi-même vécu, mais force est de constater : je ne sais plus m’amuser comme un enfant. Et le portable n’aide clairement pas… Pourtant ce n’est pas comme si je faisais des choses réellement importantes, nan, comme la plupart des gens je scrolle juste… Mais voilà, ça me prend toute mon attention.
C’est désespérant.
Non, plus désespérant encor : je fais ce constat mais rien ne va changer, parce que j’ai la flemme d’aller contre mes impulsions de base. Si j’ai envie je fais, si j’ai pas envie, je ne fais pas. La vie est d’une affligeante simplicité avec moi.
J’étais censée avoir mes règles hier, mais je crois qu’elles vont arriver aujourd’hui ou demain… Je le sentais pas avant tout de suite, mais là je crois que ça travaille. C’est une bonne chose. Le Chéri et Youyou me font flipper avec leurs histoires de jumeaux. Ça serait tellement galère. Puis j’ai pas la patience pour je crois, ni la résistance à la fatigue qu’il faut. Il faudrait que je déménage chez mes parents pour une durée indéterminée et avec Youyou qui est scolarisée maintenant, c’est plus envisageable…
J’ai toujours pensé que les parents avaient les enfants qu’ils méritaient. Et j’en suis encore persuadée. Sauf que maintenant, je me dis que les enfants un peu difficiles (comportements, santé et je ne sais quoi encore) vont chez les parents ultra doués et résilients et que les enfants super simple à vivre vont chez les parents pourris qui n’ont aucune patience ou déterminés. Parce que j’ai la chance d’avoir des enfants comme les miens qui chopent que des petites maladies pas bien graves -et déjà ça, ça me gave de devoir gérer- et qui sont relativement adorables sur le plan comportemental et sans problème de développement. Mais alors quand je vois ce que traversent d’autres parents, je me dis qu’à leur place je laisse tomber et je me barre. Pire mère du monde… Donc voilà, j’en viens à la conclusion que les enfants cool, c’est pour les parents un peu bras-cassés, et les enfants qui demandent plus de compétences, c’est pour ceux qui peuvent gérer ça.
Après, quand t’es confronté à la situation, est-ce que t’es pas un peu obligé de faire avec ? Parce que bon, les pauvres enfants n’ont pas demandé à naître donc à toi d’assumer jusqu’au bout. Sauf que bon, c’est clair qu’en tant que parent, on préfèrerait tous avoir un enfant en bonne santé, qui se développe bien, qui dort bien et qui soit sage… Ou alors c’est juste moi et auquel cas on me dirait que je demande la lune et autant s’abstenir de faire des gosses. Certes. Mais bon, globalement je m’en sors pas trop mal avec mes deux terribles.
Enfin, je suis admirative de tous ces parents qui galèrent avec leurs enfants parce que moi, ça me gaverait profondément. Et du coup, je suis contente d’être dans la catégorie de parents qui a le droit à un enfant pour les nuls. Ça me permet d’avoir cette impression de meilleure maman du monde, même si, en vrai, j’avoue qu’il faudrait que je joue un peu plus longtemps avec eux. Après, ils aiment bien jouer tous seuls aussi, mais bon, si je peux être là à 100% quand je joue avec eux, c’est mieux.
Rien à voir, enfin un peu mais là on tombe dans du strictement prosaïque : j’ai pu voir la photo de classe de Youyou. J’avoue que ça m’a fait un petit truc quand j’ai réalisé que, moi, j’avais un enfant qui a fait une photo de classe. Moi. Mon cerveau fait le parallèle avec ma propre photo de classe de première année de maternelle et je me dis qu’elle y est vraiment. Que cette enfant que j’ai face à moi aujourd’hui était mon tout petit nourrisson d’hier et que demain elle sera une intelligente, magnifique et pleine d’humour jeune fille. Et qu’elle vivra sa propre vie dont je n’aurais que les tenants et aboutissants qu’elle voudra bien me donner. Ça fait tout bizarre.
J’ai du mal à réaliser quand j’ai grandi au point de devenir maman. En fait, je le sais, je le vis au quotidien, mais parfois, mon cerveau semble réaliser et je me dis "Mais quoi ? ! Quand ça ? ! Quand cette petite fille pleine de tâche de rousseur au sourire timide est-elle devenue maman ? Elle est tellement immature, tellement égoïste, ce n’est pas possible !" Et si…
J’espère vraiment ne pas bousiller mes enfants comme mes parents ne m’ont pas bousillés et avoir avec eux la même relation que chacun de nous trois a avec nos parents et les uns envers les autres. La famille, c’est tellement le principal.
En cas d’apocalypse, ma mission c’est de rejoindre les enfants et le Chéri, puis se débrouiller pour aller rejoindre les parents et les frangins à la maison. J’ai déjà mon plan en tête. J’espère juste que ça arrivera un jour de télétravail… Beaucoup plus simple. Et peu importe ce que disent les plans d’urgence : s’il se passe quoique ce soit, je vais chercher mes enfants et je tuerai quiconque ose se mettre sur ma route. Et ce ne sont clairement pas des paroles en l’air. J’ai un vraie psychopathe qui sommeille en moi et qui attend la moindre occasion un peu sérieuse pour se montrer…