La vie d'une Quiche

Première fois

Je lisais un truc à propos des premières fois qui étaient souvent loin de ce qu’on imaginait, mais qu’on finissait par s’en remettre et je me disais que ma première fois était vraiment glauque, mais que ça ne m’avait pas perturbé.

Un mensonge. Évidemment. Vu que j’ai voulu me persuader pendant longtemps que ma première fois avait eu lieu avec C. On était loin d’être dans une scène romantique, mais c’est sûr que comparé à ma vraie première fois, c’était bien mieux d’avoir celle-là en tête…

Non, ma vraie première fois c’était le samedi 9 avril 2011. J’avais 18 ans, quatre mois et un jour. Je me souviens très bien de mon état d’esprit à cette époque : Fais le, et comme ça on n’en parle plus.

Ma virginité est un truc auquel je n’ai jamais tenu. C’était une tare pour moi. Depuis mes 13 ans je voulais m’en débarrasser. Heureusement pour moi, j’étais timide, ça m’a évité de faire trop n’importe quoi. Jusqu’à ce fameux jour…

Je me souviens très bien de ce mec sur Sky' qui m’a convaincu (sans trop de soucis, j’étais bien déterminée toute seule) qu’en effet, à 18 ans ce n’était pas normal d’être toujours vierge (bien que lui devait avoir 26 ans et était encore plus vierge que moi...). Du coup on s’est donné rendez-vous pour le faire. Ni plus ni moins. Je lui ai parlé quatre jours. Quatre jours et je me suis dit que ça le faisait.

Je m’en foutais un peu de lui alors même si ça se passait mal, je pouvais toujours couper les ponts et il ne me manquerait pas.

Et on s’est vu. Chez lui. Je n’avais pas le moindre instinct de conservation, il aurait pu me tuer tranquille. Il n’avait rien à boire et à manger. Il n’avait même pas un peu préparer le truc… Du coup j’ai eu du sirop à la grenadine qui devait trainer depuis des mois sur sa table basse. Mais je m’en foutais. Je voulais juste qu’il me baise et qu’on en parle plus.

Et c’est ce qu’il s’est passé. Sur son matelas à même le sol. Sur le canapé aussi. On a dû vouloir essayer la table mais c’était trop galère. Le gars se croyait trop dans un film porno, ça se sentait… Et le pire c’est quand il m’a demandé si me dérangeait qu’on le fasse à la cam devant des étrangers. Et moi qui me disait "Il est sérieux ?!", mais qui a répondu un bête "Comme tu veux..." Quand j’y repense, je me déteste. Et ce n’est même pas comme si c’était la seule fois où je me suis fais avoir de la sorte. Enfin, "avoir"... J’étais juste trop bête pour dire non. Et j’avais pas envie de les contrarier. Ne sait-on jamais… C’est le problème quand on décide de coucher avec des inconnus et qu’on regarde trop de Faites entrer l’accusé, on se méfie…

Bref. C’était pas top. Pas douloureux comme je m’y attendais, mais loin du plaisir que j’avais imaginé. Même si j’attendais pas grand-chose de tout ça vu que j’avais toujours entendu dire que la première fois était un peu nulle mais émouvante. J’étais pas émue, vaguement ennuyée et satisfaite de l’avoir fait, ça oui.

En vrai, le mieux dans tout ça, c’est quand je suis sortie de chez lui. Je me sentais tellement femme, tellement désirable, tellement sexuelle. J’avais l’impression que tous les hommes me regardaient avec envie. J’étais puissante.

Et c’est en ça que je ne regrette pas tellement ma première fois, ce sentiment après coup. C’était génial. J’étais enfin pleinement moi.

Lui, je l’ai bloqué de partout et je n’ai plus jamais entendu parler de lui. C’était bien mieux comme ça. Il m’avait apporté tout ce qu’il m’avait apporté, je n’avais plus rien à attendre de sa part.

Et c’est un truc que j’ai gardé après. Je prends, j’utilise et je jette. En vrai, je pense que c’est parce que je ne veux pas être jetée. Et parce que je me laissais vite. La plupart des gens sont peu intéressants sur le long terme. À part mon chéri. D’ailleurs, la première fois avec lui était top. C’était la première fois qu’un mec faisait plus attention à mon plaisir qu’au sien. Ça doit être aussi pour ça que je l’ai gardé. Pas que, mais c’est sûr, ça aide.

N’empêche, je ne regrette pas toutes mes expériences d’avant lui, ça me montre à quel point j’ai de la chance de l’avoir, mine de rien…