La vie d'une Quiche

Tièdement

Il n’y a pas de déclic. J’aime trop manger, c’est désespérant si peu de détermination…

Hier, il me semble que c’était hier, le Chéri a eu une réflexion qui a tiqué chez moi : on ne peut probablement pas être sujet à la dépression car on ressent les choses tièdement. On n’est jamais extrêmement heureux donc on ne peut jamais être extrêmement malheureux. On a des moyen-hauts et des moyen-bas. C’est tout.

Il a pris comme exemple la naissance de nos enfants. C’était un beau moment. Mais de là à dire que ce sont les plus belles journées de notre vie… Comme je l’avais écrit à cette époque : pas de vague d’amour, c’était une évidence, mais du coup, pas d’émotion particulièrement forte. Et quand il a dit ça, je me suis dit "Mais ouais. C’est quoi le sentiment le plus fort que j’ai ressenti et quand ?" Et sur le coup, je n’avais pas la réponse, mais là, en l’écrivant, je me dis que la dernière fois que j’ai ressenti une émotion qui m’a plongé dans un état sur lequel je n’avais plus le moindre contrôle, c’était à la mort de Momo, le 2 avril 2006. Et depuis, tout est tiède. Après, c’est confortable le tiède. Ça me permet de rester dans un état d’esprit plus ou moins - surtout plus- constant. Et donc, ça garde probablement la dépression loin de moi.

Par contre, je m’interroge : est-ce que je suis comme ça naturellement ou est-ce mon cerveau qui a mis en place cette protection pour m’éviter de retomber dans l’état catatonique où je m’étais plongée à la mort de Momo ? Ou encore : est-ce que toute ma capacité de ressentir des émotions fortement m’a été retiré à la mort de mon cochon d’Inde ? Je n’en saurais probablement jamais rien parce que j’ai pas plus que ça envie de résoudre - si c’est possible- cet état de fait. C’est un peu frustrant de se dire que je passe peut-être à côté d’émotions très plaisantes, mais si ça peut m’éviter des émotions extrêmement désagréables, je garde. Surtout que plus on avance dans la vie, plus les annonces de décès et compagnie vont se multiplier… Vaut mieux garder cette capacité à ne pas ressentir les choses trop intensément…

Après, je pense que je dois être naturellement comme ça. Peut-être que pour la mort de Momo, j’avais l’impression d’avoir souffert comme jamais, mais si j’y réfléchis bien, il m’a fallu une journée pour me remettre sur pieds… Je pense que je ne suis juste pas trop du genre à ressentir, ou alors j’ai une sacrée carapace ultra solide. Mais nan, je pense que je suis surtout anesthésiée niveau ressenti. C’est le plus logique.

Même mes hormones m’incitent à penser ça : elles ont très peu d’influence sur moi. Ou alors si, que les côtés positifs genre : on dort plus efficacement quand on allaite. Je vois la différence avec Youyou que j’ai allaité 19 mois et Soso à peine 8… Je suis extrêmement moins patiente avec mon pauvre Soso qui, dans l’absolu, est bien moins dérangeant la nuit que Youyou. Et pendant mes règles, si je n’ai pas mal, je ne suis pas aigrie ou je ne sais quoi. Alors que Cloche, on le sait directement : elle ne fait que râler, se plaindre et mal répondre aux gens. Un vrai bonheur…

Bref, je suis quelqu’un de tiède. Tu m’étonnes que je me fasse chier au boulot : rien ne m’intéresse. Si je pouvais être payée à lire ou à jouer aux Sims, je serai refaite. Mais de là à parler d’une passion, on en est loin. Ça serait juste agréable.

C’est ça, si je devais résumer ma vie et mon ressenti : juste. Dans tous les sens du terme. Juste dans le sens où chaque chose est comme elle devrait être, mais aussi juste dans le sens où c’est pile ce qui est nécessaire, ça ne tombe jamais dans le trop ou le pas assez. C’est juste.